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Défense

C'est la seule puissance nucléaire à n'avoir que des sous-marins pour sa dissuasion: le Royaume-Uni veut renforcer son arsenal d'ogives

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Le Premier ministre Keir Starmer, qui a annoncé en février une hausse inédite des dépenses de défense doit dévoiler les conclusions d'une mission de révision de la stratégie de défense du Royaume-Uni.

Le gouvernement du Royaume-Uni va détailler lundi des "engagements significatifs" afin de réarmer le pays, dans un contexte de guerre en Europe, de tensions géopolitiques mondiales et de montée en puissance des nouvelles technologies à usage militaire.

Le Premier ministre Keir Starmer, qui a annoncé en février une hausse inédite depuis la fin de la Guerre froide des dépenses de défense nationales à 2,5% du PIB en 2027 contre 2,3% actuellement, doit dévoiler les conclusions d'une mission de révision de la stratégie de défense du Royaume-Uni.

Ce document définit les menaces auxquelles fait face le pays et formule une soixantaine de recommandations.

"Nous allons rétablir la capacité de combat du Royaume-Uni comme objectif central de nos forces armées", a d'ores et déjà affirmé dimanche Keir Starmer, dans une tribune publiée dans le tabloïd The Sun.

"Il s'agit de rassembler toutes les capacités dont nous disposons, des drones à l'artillerie, en passant par le renseignement et l'instinct humains, pour bâtir une machine de combat redoutable et intégrée", a-t-il insisté.

La sécurité de l'Europe et le rôle du Royaume-Uni dans l'Otan sont au coeur de la mission menée pour le gouvernement par l'ancien ministre et ex-secrétaire général de l'Alliance atlantique George Robertson, au moment où les Etats-Unis poussent leurs alliés au sein de l'organisation à investir davantage dans leur défense.

"Message pour Moscou"

"Nous sommes directement menacés par des Etats aux forces militaires avancées, donc nous devons être prêts", a souligné Keir Starmer, citant la Russie, l'Iran et la Corée du Nord, mais pas la Chine, alors que Londres a multiplié les efforts ces derniers mois pour apaiser les relations avec Pékin, mises à mal sous les précédents gouvernements conservateurs.

Son ministre de la Défense, John Healey, a été encore plus clair: la nouvelle stratégie de défense est "un message à destination de Moscou", a-t-il dit sur la BBC dimanche, évoquant la menace "croissante" posée par la Russie depuis son invasion de l'Ukraine en 2022.

La précédente commande de révision de la stratégie de défense remontait à 2021, mais avait dû être actualisée en 2023 du fait de la guerre en Ukraine.

Conformément aux recommandations, le gouvernement prévoit notamment de muscler ses capacités de combat et de reconstruire un stock suffisant de munitions en s'assurant de pouvoir augmenter ses capacités de production en cas de besoin.

En amont des annonces de lundi, il a déjà dévoilé 1,5 milliard de livres (1,8 milliard d'euros) d'investissements pour construire au moins six nouvelles usines de production de munitions et de milliers d'armes à longue portée. Cela portera à 6 milliards de livres le budget alloué aux munitions durant cette législature.

12 sous-marins d'attaque

Il construira également jusqu'à 12 sous-marins d'attaque dans le cadre de son alliance militaire Aukus avec les Etats-Unis et l'Australie, et prévoit d'investir 15 milliards de livres dans son programme de production d'ogives nucléaires.

Londres compte aussi adapter ses forces armées au déploiement croissant de nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle ou les drones, qui changent la nature des conflits, tandis que John Healey a annoncé la semaine dernière la création d'un commandement dédié aux capacités cyber, défensives comme offensives.

Malgré un contexte budgétaire serré, Keir Starmer s'est fixé l'ambition de dépenser 3% du PIB national dans la défense durant la prochaine législature, soit au-delà de 2029.

Au moment où l'administration Trump sème le doute sur l'engagement à long terme des Etats-Unis pour la défense de l'Europe, le Royaume-Uni envisage également de renforcer ses capacités de dissuasion en achetant aux Américains des avions capables de lancer des missiles nucléaires, selon le Sunday Times.

A l'inverse des autres puissances nucléaires, le Royaume-Uni déploie en effet sa dissuasion nucléaire seulement depuis des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) en mer. Chacun des quatre sous-marins de classe Vanguard transportent entre 12 et 16 missiles chacun.

Sans confirmer ni démentir, John Healey a indiqué "qu'une dissuasion forte est absolument essentielle pour assurer la sécurité" des Britanniques.

OC avec AFP