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Pourquoi l'actrice Julie Gayet est entendue dans une étrange affaire de corruption concernant la vente d'avions Rafale à l'Inde

L'ancien président français François Hollande et son épouse l'actrice et productrice française Julie Gayet arrivent pour assister à un dîner de gala organisé par le Comité international olympique (CIO) et la présidence française au musée du Louvre à Paris, à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le 25 juillet 2024.

L'ancien président français François Hollande et son épouse l'actrice et productrice française Julie Gayet arrivent pour assister à un dîner de gala organisé par le Comité international olympique (CIO) et la présidence française au musée du Louvre à Paris, à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le 25 juillet 2024. - AFP

La vente de Rafale à l'Inde fait l'objet d'une enquête pour soupçons de corruption, qui pourrait impliquer l'actrice Julie Gayet. Elle a été entendue en audition libre en octobre 2024.

L'actrice Julie Gayet a été entendue en audition libre en octobre 2024 sur des soupçons de corruption portant sur la vente d'avions Rafale à l'Inde et sur le financement d'un film qu'elle a coproduit par une entreprise indienne ayant pris part au marché, a indiqué mercredi une source judiciaire à l'AFP.

Cette source a confirmé l'information de Libération d'après laquelle la compagne de François Hollande, président à l'époque de la signature du contrat, a été entendue en audition libre, soit un statut de personne mise en cause, en octobre 2024.

La vente de Rafale à l'Inde, datant de septembre 2016 pour un montant de 7,8 milliards d'euros, suscite depuis plusieurs années l'émoi dans le géant d'Asie.

Dassault Aviation avait remporté un appel d'offres en 2012 pour fournir 126 avions et négociait depuis avec l'avionneur indien Hindustan Aeronautics Ltd (HAL). Des négociations conclues "à 95%" en mars 2015, selon l'avionneur français. Mais le mois suivant, après une visite officielle en France de Narendra Modi, les négociations furent rompues à la surprise générale.

Reliance Group, société privée sans expérience dans l'industrie aéronautique, s'était alors imposée au détriment de HAL pour finaliser un nouveau contrat, portant sur la livraison de 36 aéronefs.

En janvier 2016, au moment des ultimes négociations, Reliance Group avait participé au financement, pour 1,6 million d'euros et via un fonds d'investissement, d'un film co-produit par Julie Gayet.

Une "coïncidence pure"

"Cela n'a strictement rien à voir, c'est une coïncidence pure. Ce n'est pas Julie Gayet qui était en relation avec les Indiens, c'était My Family, la société de Kev Adams. Julie Gayet a donné tous les éléments, toutes les informations aux enquêteurs", a déclaré son avocat, Me Jean Ennochi. "Reliance est l'un des leaders mondiaux du cinéma, qui avait un intérêt pour le film", a-t-il ajouté.

L'ex-chef de l'État s'était défendu en septembre 2018 de tout conflit d'intérêts, affirmant que la France n'avait "pas eu le choix" du partenaire indien de Dassault Aviation, suscitant nombre de réactions en Inde. Il avait utilisé cet argument pour soutenir que Reliance "n'avait pas à (lui) faire quelque grâce quoi que ce soit. Je ne pouvais même pas imaginer qu'il y avait un quelconque lien avec un film de Julie Gayet", avait-il dit.

En avril 2019, Le Monde avait aussi révélé que la France avait annulé en 2015 un redressement fiscal d'un montant global de 143,7 millions d'euros visant une entreprise française appartenant à Reliance Group, au moment même où se négociait cette vente.

En juin 2019, le Parquet national financier (PNF) avait classé une première plainte de Sherpa. L'ONG a ensuite déposé une nouvelle plainte, qui a abouti à l'ouverture d'une information judiciaire en juin 2021, confiée à deux juges d'instruction.

Dassault a été perquisitionné en France en février 2022.

Suite au contrat signé entre la France et l'Inde pour équiper l'armée de l'air indienne de 36 Rafale en 2016, un accord intergouvernemental a de nouveau été signé en avril, cette fois-ci pour doter la marine indienne de 26 avions. Le montant de la commande est estimé à 6,5 milliards d'euros.

HC avec AFP