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Défense

Les États-Unis peuvent-ils désactiver à distance les chasseurs F-35 vendus à leurs alliés?

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Le Canada, qui a signé un contrat pour 88 F-35, réfléchit à d'autres options à cause des humeurs tempétueuses de son voisin. D'autant que le chasseur américain, même une fois vendu, reste à la main de Washington.

Emmanuel Macron a recu lundi 17 mars le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney, avec la volonté partagée de bâtir des liens économiques, commerciaux et de défense plus solides, entre "alliés fiables". Sous-entendu: le Canada se méfie de son voisin américain, alors que Donald Trump ne cesse ne matraquer le pays de nouveaux droits de douane.

Et justement, le Canada vient de remettre en cause ses achats de chasseurs F-35 americains pour renforcer sa force aérienne. Les tensions entre les deux pays poussent Ottawa à explorer des altarnatives.

"Nous devons faire nos devoirs compte tenu de l'environnement changeant, et nous assurer que le contrat, dans sa forme actuelle, est dans le meilleur intérêt des Canadiens et des Forces armées canadiennes", a souligné un porte-parole du gouvernement.

D'autant que les F-35, fabriqués par Lockheed Martin, souvent qualifiés de mouchards et surveillés de très près par Washington. Ce qui amène certains alliés inquiets à se demander si les États-Unis peuvent désactiver à distance n'importe quel F-35.

Les États-Unis ont la main mise sur le logiciel du F-35

Une question fondamentale, puisqu'on retrouve ce chasseur américain dans plus d'une dizaine de pays d'Europe. Mais la réponse est non: il n’y a pas de "kill switch", d’interrupteur magique pour tout éteindre à distance.

Ceci dit, le F-35 est un chasseur ultra-connecté qui a besoin du réseau pour fonctionner, et du logiciel ALIS, indispensable pour commander des pièces détachées, assurer la maintenance, le briefing et le débriefing des missions, la trajectoire des missiles, etc. Autant de données transférées dans les bases américaines de Fort Worth, au Texas, et Eglin, en Floride.

Eric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation - 05/12
Eric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation - 05/12
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Devant les inquiétudes de certains pays et les risques en matière de cybersécurité et de souveraineté, ALIS a été modernisé au profit d’ODIN, une plateforme logicielle censée mieux prendre en compte les intérêts souverains des pays. Toutefois, le département de la Défense aémricain reste le seul à pouvoir procéder aux mises à jour.

Sur le papier, le F-35 peut fonctionner plus d’un mois sans connexion au réseau, mais cela signifie qu’on va utiliser un avion en mode dégradé: pas de nouvelles fonctionnalités, pas de mise à jour des radars avec de nouvelles cibles… Bref, un F-35 déclassé par rapport aux modèles utilisés par les États-Unis. Rajoutez des coûts d'explotation élevés et voilà de quoi par faire douter certains clients comme le Canada, l’Allemagne, et même en cours de réflexion, comme le Portugal.

Jean-Baptiste Huet Journaliste BFM Business