BFM Business
Défense

Au-delà des intérêts nationaux et des "emplois dans les circonscriptions": Emmanuel Macron veut sauver l'avion de combat européen Scaf développé avec l'Allemagne

placeholder video
Ce programme à 100 milliards d'euros, qui doit notamment donner un remplaçant au Rafale à l'horizon 2040, est actuellement au point mort, miné par des divergences entre la France, l'Allemagne et l'Espagne.

Emmanuel Macron entend sauver le soldat Scaf. Le président de la République appelle Paris et Berlin à "maintenir le cap" pour avancer sur le programme du futur avion de combat européen (Scaf) face au blocage des discussions et aux oppositions entre industriels.

"Les entreprises d'armement des deux côtés revendiquent le leadership. C'est donc à nous de maintenir le cap de ce que nous considérons comme relevant de l'intérêt général franco-allemand, et de continuer à travailler à des solutions communes", affirme-t-il dans un entretien au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

Le chef de l'Etat français reconnait que chaque pays veut préserver son avantage dans le projet. "Nous savions dès le départ que cela serait très difficile, car des industriels concurrents ont été contraints de s'associer pour un projet, reconnaît-il. De nombreux députés, encore plus au Bundestag qu'à l'Assemblée nationale, se posent sans cesse la question suivante: les emplois dans ma circonscription sont-ils assurés? Les entreprises d'armement des deux côtés revendiquent le leadership."

Cependant il répète que c'est "l’intérêt général franco-allemand" qui doit primer et que d'ici la fin de l'année lui et le chancelier Merz vont "statuer et prendre les décisions qui s'imposent, sans prêter le flanc aux commentaires des uns et des autres." Ce programme à 100 milliards d'euros, qui doit notamment donner un remplaçant au Rafale à l'horizon 2040, est actuellement au point mort miné par des divergences entre la France, l'Allemagne et l'Espagne.

Un programme à 100 milliards d'euros

Les tensions sont très vives entre Dassault et le groupe européen Airbus. Maître d'oeuvre du grand projet de défense européen Scaf, Dassault Aviation, qui représente la France, juge inefficace la gouvernance qu'il partage avec Airbus, qui représente l'Allemagne et l'Espagne, au grand dam de ses partenaires.

Il y a quelques jours, un responsable français affirmait même que la France était prête à développer "seule" le futur avion de combat si les discussions avec Berlin et Madrid échouent.

"Si on ne parvient effectivement pas à trouver d'accord sur une réorganisation du programme, la France saura faire un avion de chasse seule, ce qui ne veut pas dire en franco-français", confiait ce responsable sous couvert d'anonymat, rejoignant la position exprimée par Dassault Aviation, chef de file industriel du projet pour la France.

L'avionneur français assure en effet pouvoir mener "tout seul de A à Z" le projet.

OC avec AFP