Il est conçu pour résister à une attaque nucléaire: le prochain "avion de l'apocalypse" du président américain démarre ses essais en vol

Pour parer à toute éventualité, les États-Unis se sont dotés d'avions capables de résister à une attaque nucléaire, pour permettre au président et au haut commandement de poursuivre leurs missions. Le remplacement des appareils datant des années 1970 est en cours.

C'est l'avion de la dernière chance. Communément baptisé "avion de l'apocalypse" ("doomesday plane"), il doit permettre au président des États-Unis, à son secrétaire d'État à la Guerre et aux chefs d'état-major, de prendre le relai, depuis les airs, en cas de destruction des centres de commandement au sol.

Ils seront ainsi capables, en cas de conflit majeur – et notamment d'attaque nucléaire – de servir de "cellule de crise aéroportée", pour assurer le commandement des forces américaines, coordonner les opérations militaires et gouvernementales, transmettre les ordres et diriger les actions des autorités civiles.

Les quatre E-4B "Nightwatch" (veille nocturne) actuellement en service, des Boeing 747-200 modifiés, doivent être remplacés à l'horizon 2036 par cinq Boeing 747-8i. Les travaux de transformation de ces avions, des anciens appareils de Korean Air, vont être réalisés par Sierra Nevada Corp., qui annonce avoir débuté les essais en vol début août. Le contrat est évalué à 13 milliards de dollars et a été attribué à l'industriel américain en avril 2024.

Des avions robustes

En raison de leur caractère ultra-sensible, les équipements, la configuration précise et les détails techniques des E-4B Nightwatch sont évidemment confidentiels, à l'image de certains éléments des avions présidentiels Air Force One.

L'US Air Force communique tout de même quelques détails sur la configuration des "avions de l'apocalypse" actuels – qui peuvent donner des indications sur les travaux d'aménagement en cours sur leurs successeurs: les E-4B sont ravitaillables en vol, pour accroître leur autonomie, ils peuvent embarquer jusqu'à 111 personnes et le pont principal est divisé en six zones (salles de commandement, de conférence, de briefing, de travail, de communication, de repos).

Ces avions sont protégés contre les attaques électromagnétiques, capables de résister aux radiations nucléaires et disposent de moyens de communication par satellite ultra-sécurisés et résilients face à tout type de menace. Le grand nombre d'équipements électroniques et électriques nécessite par ailleurs un système de climatisation puissant, pour le refroidissement de ces composants.

La permanence opérationnelle est assurée 24h/24 avec "au moins un avion" en alerte, indique l'US Air Force.

Ces avions n'ont, à l'heure actuelle, jamais été mis en œuvre pour leur mission initiale. Ils peuvent donc être utilisés pour le transport et le soutien logistique du secrétaire d'État à la guerre et de son personnel et sont également susceptibles être réquisitionnés pour fournir des moyens de communication et un centre de commandement aéroportés en cas de catastrophes naturelles.

La toute première version E-4A des "avions de l'apocalypse", également un dérivé de Boeing 747, a effectué son vol inaugural en 1973. Selon The War Zone, trois des quatre E-4B actuellement en service sont en fait des E-4A modernisés.

Helen Chachaty