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Griffon, Serval et Jaguar: l'armée française dévoile ses nouveaux véhicules blindés

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Ces véhicules, issus du programme Scorpion qui vise à renouveler et moderniser les capacités de combat de l'armée de Terre, ont été présentés dans le plus grand camp militaire d'Europe à Canjuers, dans le Var.

Alors que les tensions géopolitiques sont à leur comble et qu'Emmanuel Macron a exhorté la France et l'Europe à se réarmer, l'Armée de terre a dévoilé ce mardi les dernières versions de ses véhicules blindés pour le combat de haute intensité.

Lors d'une démonstration dans le plus grand camp militaire d'Europe à Canjuers, dans le Var, Griffon, Serval et Jaguar ont été mis en situation de combat avec des exercices de tir et des mouvements sur le terrain. L'occasion de démontrer la capacité opérationnelle de ces véhicules issus du programme Scorpion et les améliorations apportées.

Le véhicule blindé Griffon en démonstration le 4 mars 2025
Le véhicule blindé Griffon en démonstration le 4 mars 2025 © MIGUEL MEDINA / AFP

Le Griffon, tireur d'obus ultra-rapide

Le programme Scorpion "vise à renouveler et moderniser les capacités de combat 'Au contact' de l’Armée de terre autour de nouvelles plateformes et d’un système d’information du combat unique". 4.200 nouveaux blindés doivent ainsi rejoindre son arsenal d'ici 2035.

Fabriqué par Thales, le Griffon est un véhicule blindé multi-rôles (VBMR), équipé d'un mortier de 120 mm sur une tourelle, qui remplacera les 2.700 véhicules de l’avant blindés (VAB). 1.872 Griffon doivent équiper l'Armée de terre d'ici 2033 (267 ont déjà été livrés).

"Le Griffon est un engin robuste, bien protégé et mobile. Il a pour missions de transporter et d’appuyer le groupement tactique interarmes (GTIA) dans la zone des contacts", explique l'Armée de terre.
Le véhicule blindé Griffon en démonstration le 4 mars 2025
Le véhicule blindé Griffon en démonstration le 4 mars 2025 © Miguel Medina/AFP

"Le mortier embarqué, comme son nom l’indique, est destiné à l’appui des troupes au contact jusqu’à une portée d’environ huit kilomètres. Le Mepac (mortier embarqué pour l'appui au contact, NDLR) apporte un vrai bond technologique puisqu’au mortier embarqué est couplée une centrale inertielle qui lui permet d’atteindre des précisions à l’orientation extrêmement importantes, ce qui nous permet d’être beaucoup plus précis qu’avant", détaille le chef d’escadron Thomas, officier de programme du Mepac.

"En parallèle de ça aussi, le Mepac a un système de chargement semi-automatique qui nous permet d’atteindre des cadences de tir extrêmement élevées de l’ordre de douze coups en 90 secondes."

Le Griffon est ainsi capable "de délivrer ses douze coups et de repartir en moins de trois minutes". "Ce qui signifie que la menace de contre-batterie est quasiment impossible à réaliser, la contrebatterie ennemie est quasiment impossible à réaliser, puisque le mortier aura déjà fait plusieurs centaines de mètres, avant que les radars de contre-batterie soient capables d’extrapoler la position de départ des coups."

Thales a également développée une variante, le Griffon VOA, Véhicule d’observation d’artillerie, équipée d'optronique sur mât, d'un radar, et, depuis peu, d'un ensemble de micro-drones". L'Armée de terre en a commandé 110 exemplaires.

Le Jaguar, véhicule de reconnaissance

Le Jaguar est un engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC). Il remplace progressivement les 248 AMX 10RC et les Sagaie. "Cet engin très polyvalent est un véhicule à roues type 6x6 militarisé. Il peut s’intégrer dans un combat en zone urbaine ou en montagne", précise l'Armée de terre. 

Le véhicule blindé Jaguar en démonstration le 4 mars 2025
Le véhicule blindé Jaguar en démonstration le 4 mars 2025 © MIGUEL MEDINA / AFP

Ce blindé de reconnaissance et de combat a été conçu par Nexter, Arquus et Thales pour circuler aussi bien dans les zones montagneuses que dans les environnements urbains. Fini les chenilles et place à 6 roues motrices qui lui permettent d'atteindre une vitesse maximum de 90 km/h et jusqu'à 15 km/h (en marche avant ou arrière) sur des pistes très pentues. L'engin peut aussi aller loin avec une autonomie de 800 km.

"Nous avons retrouvé avec le Jaguar une mobilité accrue par rapport à ce que l'on avait auparavant (...) qui optimise les performances au niveau opérationnel", confirme l'adjudant Romain, chef de peloton Jaguar.
Le véhicule blindé Jaguar en démonstration le 4 mars 2025
Le véhicule blindé Jaguar en démonstration le 4 mars 2025 © Miguel Medina./AFP

Derrière le blindage se cache un concentré de technologies pour observer l'environnement avec des caméras dotées d'un système infrarouge pour voir de nuit. Ces renseignements sont partagés en temps réel via le réseau Scorpion. Depuis son poste, le chef d'engin peut brouiller les fréquences des adversaires pour les empêcher de communiquer ou envoyer des drones aériens ou terrestres pour des repérages. L'engin peut aussi être équipé de kits (détection acoustique, laser, caméras) selon les missions.

Le Serval, blindé léger multi-rôle

Enfin, le Serval est un véhicule blindé multi-rôle léger, il peut se décliner en plusieurs versions (transport de troupe, poste de commandement, spécialisées…). Il vise aussi à moderniser des capacités vieillissantes de l'Armée de terre et notamment à remplacer le véhicule de l'avant-blindé (VAB).

Les engins commandés permettront par exemple d'embarquer des missiles sol-air, pourront être équipés pour la lutte anti-drones ou destinés à la communication tactique.

Un blindé Serval devant le ministère des Armées
Un blindé Serval devant le ministère des Armées © BFM Business
Le Serval, un véhicule blindé multi-rôles (VBMR), sur les pistes d'essais du site de Nexter, le 4 juillet 2023 à Roanne, dans la Loire
Le Serval, un véhicule blindé multi-rôles (VBMR), sur les pistes d'essais du site de Nexter, le 4 juillet 2023 à Roanne, dans la Loire © OLIVIER CHASSIGNOLE © 2019 AFP

La France a récemment commandé 530 blindés légers Serval pour plus d'un milliard d'euros. Les livraisons de ces véhicules s'échelonneront de fin 2025 à 2031. Puis l’Armée de terre sera dotée à l’horizon 2035 de 978 de ces véhicules.

Des véhicules interopérables

Ces nouveaux blindés ne remettent pas en cause l'organisation tactique de l'Armée de Terre mais permettent d'abord d'améliorer l'existant. "Ce sont de grandes réussites, ce sont les capacités dont nous avons besoin pour pouvoir préparer les combats de haute intensité", se félicite Alain Bardet, général de division, sous-chef plan programme de l’état-major auprès de nos confrères de La Provence.

Alors que l'Union européenne cherche à harmoniser ses efforts militaires afin de contrer la menace russe, le général insiste sur l'interopérabilité de ce nouveau matériel. "Évidemment, nous ce qu’on recherche, c’est l’interopérabilité, c’est une capacité à travailler avec les autres. On a besoin de travailler ensemble, avec les pays alliés, et donc ceux qui sont intéressés et ceux qui souhaitent venir sont venus voir aussi comment se passait la modernisation, de ce segment-là de l’Armée de terre française."

"On a toujours cherché à travailler ensemble. Mais de plus en plus, ça devient une nécessité", poursuit-il.

"Là, on a un cas tout à fait unique, entre nos amis belges et nous, on se nourrit, on s’échange des bonnes pratiques, on a les mêmes équipements, on pourra partager une façon de travailler complètement intégrée, c’est précieux."

Olivier Chicheportiche avec AFP