Défense: le gouvernement met son "veto" pour que Segault ne devienne pas une entreprise américaine

Segault fournit aux industriels de l'armement naval les robinetteries des chaufferies qui équipent les sous-marins nucléaires français - NICOLAS TUCAT
Segault pourrait rester, ou redevenir, une entreprise française. Cette entreprise sous-traitante de l'industrie nucléaire de l'armement est convoitée par un groupe américain. Pour l'éviter, le gouvernement "va mettre un veto" pour s'opposer à "une perte de contrôle opérationnel", a annoncé mardi le ministre des Armées Sébastien Lecornu mardi à l'Assemblée.
A l'occasion des débats sur le projet de loi de programmation militaire 2024-2030, le ministre a évoqué, sans donner de détails, un "dispositif" qui permet de bloquer "un certain nombre d'investissements étrangers en France" dans les secteurs stratégiques.
"L'entreprise Segault, entreprise critique pour le ministère des Armées, n'a pas vocation à passer sous contrôle opérationnel du groupe américain Flowserve", a insisté le ministère, contacté par l'AFP.
Le ministre répondait au député RN Laurent Jacobelli, auteur d'un amendement, rejeté, sur la "protection contre les actes de prédation et d'ingérences étrangères" dans les entreprises impliquées dans l'industrie de défense nationale.
"Vigilance" pour une "entreprise stratégique"
Segault, basée près de Paris et qui indique sur son site employer 80 salariés, fournit notamment à Naval Group, industriel naval de défense français, les robinetteries des chaufferies qui équipent les sous-marins nucléaires français.
Chantre du "made in France", l'ancien ministre Arnaud Montebourg avait demandé au gouvernement le 11 avril d'"interdire" le rachat de Velan, une société de droit canadien, maison mère de Segault, par le groupe américain Flowserve Corporation.
Le gouvernement avait alors fait part de sa "vigilance" pour une "entreprise stratégique" en mentionnant la "procédure de contrôle des investissements étrangers". L'annonce de Sébastien Lecornu a été saluée dans l'hémicycle, y compris par le LFI Aurélien Saintoul.
Un total de 194 projets d'investissements étrangers dans une série de secteurs considérés comme "sensibles" n'ont pas abouti en 2022, tandis que le ministère de l'Economie en a autorisé 131 dont plus de la moitié avec des conditions "de nature à garantir la préservation des intérêts nationaux".