Comment la Grèce va moderniser ses armées "pour répondre aux exigences du XXIe siècle"

La Grèce a annoncé jeudi une refonte de ses forces armées mettant l'accent sur des systèmes de drones et un renforcement des capacités de cyberguerre après des leçons tirées de la guerre en Ukraine. Parmi les principaux changements de cette refonte figure "la création d'un système de défense aérienne avec la création d'un dôme anti-aérien et anti-drone couvrant l'ensemble du territoire national", selon le porte-parole du gouvernement Pavlos Marinakis.
Il a aussi annoncé "l'acquisition d'un satellite pour les besoins des forces armées, pour l'utilisation de communications satellitaires sécurisées et pour l'utilisation d'un système d'alerte". Pavlos Marinakis a qualifié cette réforme de "la plus importante jamais entreprise dans l'histoire de l'État grec en matière de défense nationale".
Faire face à une "réalité différente"
Pour sa part le ministre de la Défense, Nikos Dendias, a déclaré devant une commission parlementaire que la Grèce devrait faire face à une "réalité différente" et moderniser "rapidement" ses forces pour répondre aux exigences du XXIe siècle. Présentant les grandes lignes de son projet, le ministre conservateur a souligné que l'armée allait introduire quatre systèmes de drones différents, qu'elle fusionnerait des unités de l'armée et mettrait de côté les anciennes armes.
"Chaque unité de l'armée aura des capacités de combat par drone", a-t-il déclaré.
Afin d'économiser des fonds, plus de 130 casernes militaires seront supprimées d'ici l'année prochaine, a précisé Nikos Dendias. Selon le ministre, l'objectif est d'économiser deux milliards d'euros sur dix ans. Les détails de la réorganisation de l'armée seront dévoilés d'ici la fin 2024. La présentation de cette réforme devant la commission parlementaire jeudi n'a été ouverte aux médias que durant les 15 premières minutes. Le ministre du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis n'a livré aucune donnée chiffrée ou détaillée par arme.
Selon une source proche du dossier, la Grèce envisage de "renforcer son dôme antiaérien actuel --c'est-à-dire son système d'armes à plusieurs niveaux-- avec d'armes nouvelles, USVs, drones ou radars pour remplacer certains systèmes obsolètes".
Rien n'est encore décidé, les potentiels marchés pour l'achat de cet équipement sont ceux de l'Israël, de la France, de l'Italie ou de la Norvège, a indiqué à l'AFP cette source ayant requis l'anonymat. Le site financier grec newmoney avait indiqué fin octobre que la Grèce cherche à acheter des systèmes de défense antiaérienne et antimissile sur le marché israélien d'un coût de deux milliards d'euros.
Dôme antiaérien
En ce qui concerne la marine, le ministre a déclaré qu'elle sera considérablement renforcée".
"La marine va acquérir des capacités de frappe stratégique qu'elle n'a jamais eues" dans l'histoire de la Grèce, a-t-il insisté, cité par l'agence de presse grecque ANA.
Nikos Dendias n'a pas fourni de plus amples précisions, mais indiqué que les frégates grecques seraient équipées d'un système anti-drone de fabrication grecque, qui a déjà été utilisé contre les rebelles Houthis en mer Rouge. En avril, le ministre avait déclaré à la télévision privée Skaï qu'en observant la guerre en Ukraine, "la Grèce devrait acquérir un système antiaérien et anti-drone", selon la presse grecque.
Concernant l'armée de l'air grecque, le ministre a déclaré qu'elle allait disposer d'environ 200 appareils, principalement des Rafales français ainsi que des F-16 Vipers et F-35 américains. Quant à la marine, les anciens navires de guerre et sous-marins grecs sont en cours de modernisation. Athènes envisage une coopération avec les États-Unis pour la construction des frégates lance-missiles de la classe Constellation dans les chantiers grecs, et avec l'Union européenne pour la construction d'une nouvelle corvette patrouilleur.
Membre de l'Otan et comptant environ 10,5 millions d'habitants, la Grèce consacre près de 3% de son produit intérieur brut (PIB) à la défense, l'un des taux les plus élevés parmi ses partenaires européens, invoquant des tensions avec son rival historique, la Turquie, également membre de l'Alliance atlantique. Après la crise financière de la dernière décennie et le gel des programmes d'armement, Kyriakos Mitsotakis s'est engagé ces dernières années à moderniser les forces armées en signant des accords avec la France, les Etats-Unis et Israël.