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Câbles sous-marins rompus: la Suède soupçonne un cargo chinois d'un acte de guerre hybride

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La Suède demande à un cargo chinois ancré au large de ses côtes de rejoindre ses eaux territoriales pour savoir si la rupture de câbles sous-marin est un possible acte de guerre hybride.

Sabotage ou accident? Dans la nuit du 17 au 18 novembre, deux câbles sous-marins de communication par fibre optique ont été endommagés. L'un relie la Finlande à l’Europe, par la voie de l’Allemagne, et l’autre connecte la Suède à la Lituanie.

La proximité de ces deux évènements soulève l'hypothèse d'un acte de sabotage. Le principal suspect, si ce n'est le seul, est un vraquier chinois, le "Yi Peng 3", qui naviguait dans la zone où des câbles à peu près au moment où ils ont été sectionnés. Pour l'heure, la Chine nie formellement toute responsabilité dans cette affaire.

Mais pour en avoir le cœur net, la Suède vient de demander que le cargo chinois, ancré au large de ses côtes, rejoigne ses eaux territoriales afin de contribuer à l'enquête.

"Nous avons été en contact avec le navire comme avec la Chine et nous avons fait savoir que nous souhaitions que le bateau se dirige vers les eaux territoriales suédoises", a déclaré le Premier ministre Ulf Kristersson lors d'une conférence de presse.

L'objectif n'est pas de lancer d'"accusation", mais de "comprendre ce qu'il s'est passé", a-t-il assuré.

"Risible" et "absurde"

Rien n'indique en effet que le Yi Peng 3 soit impliqué dans les incidents. Mais le fait que le navire soit resté ancré depuis mardi dans l'étroit détroit de Kattegat entre la Suède et le Danemark soulève des questions notamment la possibilité d'un acte de guerre hybride commis au profit de la Russie. La guerre est appelée hybride lorsqu'elle combine des opérations de guerre conventionnelle, de guerre asymétrique (ou irrégulière), de cyberguerre et d'autres outils tels que la désinformation.

Le Kremlin a jugé "risible" et "absurde" d'accuser la Russie d'être à l'origine de la rupture des deux câbles. Pour Berlin, cette hypothèse est largement plausible comme l'ont annoncé le chancelier Olaf Scholz et le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius.

"Personne ne croit que ces câbles ont été coupés par accident", prévient Boris Pistorius.

La menace sur des câbles sous-marins n'est pas nouvelles. Elle s'est même accrue avec le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Ces réseaux qui relient les continents par des câbles optiques de l'Internet ou des lignes électriques sont considérés d'importance vitale. Ils font l'objet d'une surveillance particulière, mais la récente rupture des deux câbles montrent qu'il n'est pas possible de garantir une sécurité à 100%.

Carte des câbles sous-marins
Carte des câbles sous-marins © Telegeography

On compte plus de 400 lignes sous-marines qui constituent un maillage de 1,3 million de kilomètres. Le plus long fait 3900 kilomètres pour relier l’Asie du Sud-Est à l’Europe de l’Ouest via la mer Rouge.

Crash d'un avion et colis piégés

D'autres événements survenus récemment pointent la responsabilité de la Russie. Dans la nuit de dimanche à lundi, un avion cargo de la société de transport DHL parti de Leipzig en Allemagne s'est écrasé près de l'aéroport de Vilnius, en Lituanie. Le bilan est d'au mois un mort.

Les autorités qui ont ouvert une enquête n'excluent pour l'instant aucune raison pour le crash, y compris un acte de terrorisme.

"Nous ne pouvons pas exclure la possibilité d'un acte terroriste", a déclaré Darius Jauniskis chef des services de renseignement lituaniens.

"Nous avons prévenu que de telles choses étaient possibles, nous voyons une Russie de plus en plus agressive, (...) mais nous ne pouvons pas encore (...) pointer du doigt des gens", a encore déclaré Darius Jauniskis.

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Une autre affaire vise encore DHL. Cet été, des colis contenant des engins incendiaires ont été retrouvés dans les entrepôts du groupe logistique en Allemagne et en Grande-Bretagne, où ils ont pris feu. En Pologne, un colis a aussi incendié un camion de DHL, selon le quotidien Gazeta Wyborcza. Début novembre, plusieurs personnes ont été interpellées en Lituanie et en Pologne dans cette affaire. Plusieurs indices mèneraient vers Moscou.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco