Crise de l'énergie: pour Geoffroy Roux de Bézieux, "le chacun pour soi européen a remplacé le quoiqu’il en coûte"

"Il faut un IRA (inflation reduction act, NDLR) européen". Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a alerté face au risque de délocalisations énergétiques. Avec la flambée des coûts de l'énergie, "ce ne sont pas forcément des départs au sens fermetures d’usine mais ce sont des productions qui s’en vont", a-t-il expliqué.
Le patron de l'organisation patronale a pris l'exemple de l'industrie du verre, un matériau lourd à transporter, donc souvent produit localement. "Mais la facture énergétique est montée à 30-35% du coût de revient", a-t-il souligné, avant d'affirmer que les entreprises françaises perdaient des parts de marché face aux entreprises asiatiques notamment. "Avec l'augmentation du prix de l'électricité, le coût du transport est devenu moins important", a-t-il poursuivi.
Geoffroy Roux de Bézieux a aussi pointé le désavantage compétitif de l'Europe par rapport aux Etats-Unis. Non seulement, le prix de l'électricité est cinq à six fois moins cher aux Etats-Unis, mais à cela s'ajoute la mise en place de l'IRA aux Etats-Unis. Si cette série de mesures à 400 milliards de dollars vise avant tout à décarboner l'économie américaine, elle prévoit des subventions à destination des industriels.
"Il faut qu'on ait aussi un Europe First"
"America first n'a pas disparu avec Donald Trump", a estimé le porte-parole des chefs d'entreprises, avant de conclure:"il faut qu'on ait aussi un Europe first, il faut un IRA européen".
Une position partagée par le gouvernement. "Notre conviction en France est que la meilleure réponse à l'IRA américaine est une IRA européenne, c’est-à-dire la capacité de l’Europe à se doter des mêmes moyens simples, massifs et efficaces pour réindustrialiser le continent et réussir la décarbonation de l’économie européenne", avait affirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, lundi, en amont de la réunion de l'Eurogroupe.
Geoffroy Roux de Bézieux a enfin rappelé la nécessité de découpler les prix du gaz et de l'électricité sur le marché européen. "La France, l'Espagne et l’Italie poussent pour qu’on sorte de ce système", a-t-il affirmé. Mais les pays d'Europe du nord freinent encore. Résultat: les membres de l'Union européenne ne parviennent pas à trouver d'accord.
"Et c’est très dommage car finalement on est tous victimes: les industriels allemands souffrent autant que nous du risque de délocalisation", a-t-il déploré.