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Condamnée pour pratiques "esclavagistes" dans les années 1970-1980, la filiale brésilienne de Volkswagen va faire appel

Le logo de la marque automobile allemande Volkswagen sur un véhicule du constructeur, le 5 avril 2025 en Allemagne (photo d'illustration).

Le logo de la marque automobile allemande Volkswagen sur un véhicule du constructeur, le 5 avril 2025 en Allemagne (photo d'illustration). - MATTHIAS BALK / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

La filiale brésilienne du groupe automobile allemand Volkswagen a annoncé qu'elle allait faire appel de sa récente condamnation pour avoir maintenu les travailleurs d'une ferme bovine dans des conditions proches de l'esclavage dans les années 1970 et 1980.

La filiale brésilienne du géant allemand de l'automobile Volkswagen va faire appel d'un jugement l'ayant condamnée vendredi pour avoir maintenu des travailleurs dans des conditions proches de l'esclavage dans les années 1970 et 1980, a-t-elle annoncé dans un communiqué consulté samedi par l'AFP.

Un tribunal des prud'hommes de l'État de Para (nord du Brésil) a considéré vendredi que des centaines de travailleurs d'une ferme appartenant à Volkswagen do Brasil avaient été maintenus en servitude pour dettes et surveillés par des gardes armés pendant qu'ils travaillaient. La société brésilienne doit verser 165 millions de reais (26 millions d'euros) à titre de dédommagements, a statué ce tribunal, la plus grande amende de ce type jamais imposée dans l'histoire du Brésil.

Volkswagen do Brasil "continuera de se défendre, pour faire valoir justice et sécurité juridique, devant les juridictions supérieures", a indiqué la société. "Forte de 72 ans d'histoire, l'entreprise défend constamment les principes de dignité humaine et se conforme strictement à toutes les lois et règlements du travail applicables", a-t-elle ajouté. Volkswagen do Brasil doit également reconnaître sa responsabilité et présenter des excuses formelles, a décidé le tribunal.

"Des témoignages de travailleurs"

La filiale brésilienne de Volkswagen a acheté, au milieu des années 1970, des terres pour créer une exploitation bovine, encouragée par le gouvernement qui espérait développer les régions dans et autour de la forêt amazonienne.

"Les preuves ont démontré que l'entreprise a non seulement investi (dans la ferme), mais a également participé activement à sa gestion stratégique, bénéficiant directement de l'exploitation illicite de la main d'œuvre", a déclaré le juge des prud'hommes Otavio Bruno da Silva Ferreira pour justifier la condamnation, dans un document judiciaire dont des extraits ont été cités dans un communiqué publié par le bureau des procureurs chargés de l'enquête.

"Des rapports officiels, des témoignages de travailleurs et des documents d'organismes publics montrent que le modèle de production adopté comportait des pratiques de servitude pour dettes, de violence et de soumission à des conditions dégradantes, de l'ordre de l'esclavage moderne", a ajouté le magistrat.

Employé à l'époque pour défricher la forêt tropicale pour l'implantation de cette ferme, Jose Pereira avait déclaré à la chaîne publique allemande ARD en 2022 que les travailleurs étaient endettés envers les entrepreneurs qui les recrutaient et que les abus étaient généralisés. "Si quelqu'un essayait de s'échapper, les gardes le poursuivaient et lui tiraient dessus", avait-il déclaré. "Ils frappaient ceux qui s'étaient échappés. Dans la rue, dans les huttes, tout le monde voyait cela", selon lui.

Volkswagen a commencé à réduire ses activités sur cette ferme en 1986.

J. Br. avec AFP