"Ce serait dépenser des milliards": pourquoi Emmanuel Macron refuse de nationaliser ArcelorMittal

Emmanuel Macron s'y refuse. Malgré l'annonce d'ArcelorMittal de sa volonté de supprimer 600 emplois en France, le président de la République estime que la situation ne mérite pas une nationalisation. Il rejoint en effet Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, sur la volonté de sauver les emplois en question. Mais pas en prenant le contrôle de la société.
"Je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal. La nationalisation en l’espèce ne sert à rien. La réponse, c’est pas nationaliser, c’est prendre des garanties et développer les activités", a souligné Emmanuel Macron.
Le chef de l'État ajoute que ce "serait dépenser des milliards d'euros" et rappelle que les aciéries européennes subvenaient, en 2015, à 85% des besoins du continent. Depuis, l'Asie a grignoté 10 points de parts de marché. D'où sa volonté de pousser deux mesures. D'abord, développer des "clauses de sauvegarde" pour protéger le marché européen.
"Il faut des clauses de sauvegarde, l’Europe a légiféré en février sur le sujet et nous allons continuer. Nous allons sauver Dunkerque et Fos-sur-Mer, je vous le dis les yeux dans les yeux. Pas en nationalisant, mais en mettant une politique industrielle qui protège."
Il s'agirait selon Emmanuel Macron de mesures se déclenchant pour bloquer les importations, quand elles dépassent un certain niveau. Le président de la République évoque aussi le "plan acier" adopté par la Commission Européenne cet hiver, et destiné à aider les aciéristes européens, face à la concurrence asiatique.
Vencorex ne sera pas sauvé non plus
Cela passe aussi par la régulation des niveaux de carbone émis par la production d'acier: l'Europe vise une production plus écologique et moins émettrice, même si les projets d'acier vert sont précisément mis à l'arrêt en ce moment - en particulier par ArcelorMittal. Ils ne sont pas compétitifs.
"En Italie, Ilva a perdu 800 millions d'euros, malgré sa nationalisation. Ce qui compte ce n’est pas le capital, c’est les clients. Nous devons surveiller les niveaux de CO2, pour éviter l'importation déloyale d'acier venu d'Asie", a expliqué Emmanuel Macron.
Interrogé sur d'autres cas, le président a tenu un discours similaire. Face au spectre de la délocalisation en Roumanie de la Zoé de Renault - et la suppression de lignes de production à l'usine de Flins - le président a rappelé son objectif de produire 1 million de véhicules électriques en 2027.
Concernant le chimiste Vencorex, démantelé et repris en partie par son concurrent chinois, il a affirmé son choix de ne pas interférer.
"Il y avait une partie non stratégique dans l’activité de Vencorex. Nationaliser une entreprise qui n’arrive pas à s’installer sur un marché, ce n’est pas une bonne utilisation de l’argent de nos patriotes", a conclu le président.
Le chef de l'État a défendu sa politique de l'offre, qui a permis de larges remises fiscales en faveur des entreprises depuis 2017. Il a souligné la création de 2,2 millions d'emplois et de 300 sites industriels nets depuis son élection.