"Ce n'est plus d'actualité": la famille Peugeot ne veut plus investir dans Stellantis

La société familiale Peugeot Invest change de président ce mardi 20 mai. Le patriarche Robert Peugeot passe la main à son fils Édouard, âgé de 40 ans et au profil de financier plus que d’industriel de l’automobile. Sa mission est claire: "désensibiliser Peugeot à Stellantis", comme l’explique un proche de la famille, qui détient encore 7,7% du constructeur.
Le cours de Bourse de Peugeot Invest a perdu 30% en un an, dans le sillage de celui de Stellantis qui a été divisé par trois. Les marques américaines Chrysler et Jeep souffrent et le constructeur est menacé par les droits de douanes de Donald Trump. En 2024, le groupe a brûlé 10 milliards d’euros de cash et la tendance "ne va pas s’améliorer au premier semestre", selon un bon connaisseur du groupe.
"Stellantis pèse 40% de nos actifs. Notre stratégie est de poursuivre nos investissements dans d’autres secteurs pour diversifier notre portefeuille hors automobile", assume Sébastien Coquard, le directeur général adjoint de Peugeot Invest.
La société familiale multiplie les opérations. Elle vient d’investir 105 millions d’euros dans Novétude, une société de formation aux métiers paramédicaux, et a vendu la moitié de sa part dans Spie (2,5%), spécialiste des services à l’énergie, pour 164 millions d’euros.
Plus question de monter au capital de Stellantis
Mais il n’est plus question d’investir dans Stellantis. La famille n’est pas prête à revivre le traumatisme du sauvetage de Peugeot il y a 10 ans. Après sept ans sans dividendes chez PSA, suivis de trois années fastes pour Stellantis, l’heure est à la stabilité. Si le constructeur avait besoin d’une nouvelle augmentation de capital, ce serait sans les Peugeot.
"Investir dans Stellantis n’est plus d’actualité", tranche un proche de la famille.
L’arrivée d’Édouard Peugeot aux manettes est le symbole d’une famille qui s’éloigne du groupe qui portait son nom. Trois membres seulement de la famille occupent encore des postes de dirigeants chez Opel ou Citroën.
"Il y a encore un fort attachement à Stellantis mais il n’est plus question de monter au capital même si le cours de Bourse est bas", ajoute un bon connaisseur des Peugeot.
Pourtant, lors de la création du groupe en 2021, Robert Peugeot avait souhaité monter au capital pour se hisser au même niveau que les Agnelli (15,5 %), la famille fondatrice de Fiat.
Qui pour succéder à Robert Peugeot?
Ces derniers mois dans la famille, quelques cousins ont regretté le silence des Peugeot chez Stellantis. Notamment lors de l’éviction de l’ancien patron, Carlos Tavares, à l’automne dernier. Robert Peugeot, lui, répond que sa présence dans les instances de gouvernance suffit à exprimer leur position.
En 2026, il terminera son mandat d’administrateur. Selon ses proches, il devrait prolonger un an de plus. Mais ensuite, "il n’est pas certain que son fils Édouard le remplace", soulève une source proche des Peugeot. La famille pourrait être représentée chez Stellantis par un administrateur ne provenant pas de ses rangs.
"Peugeot sans les Peugeot?, ce serait un symbole fort", reconnaît cette source.
Cette question un peu taboue n’est pas encore tranchée.