UBS renonce au soutien de l'Etat et de la banque centrale

Le géant bancaire suisse UBS a rassuré les contribuables suisses et les investisseurs sur l'intégration de Credit Suisse en annonçant vendredi qu'il renonce aux mesures de soutien de l'Etat et de la banque centrale, estimant qu'elles ne sont plus nécessaires. Le 19 mars, UBS avait accepté dans l'urgence de racheter son ex-rivale pour 3 milliards de francs suisses (3,1 milliards d'euros à taux actuels) au terme d'intenses négociations le temps d'un week-end avec les autorités suisses.
L'objectif était d'éviter une faillite de la deuxième plus grosse banque du pays. Pour faciliter le rachat, le gouvernement avait convenu d'accorder une aide sous forme de garanties de 9 milliards de francs suisses pour couvrir les risques qu'UBS pouvait éventuellement découvrir dans les comptes de Credit Suisse. La banque centrale avait, elle, accordé un prêt de 100 milliards de francs pour s'assurer que les banques disposent de suffisamment de liquidités. "A l'époque, cela avait été considéré comme nécessaire pour protéger UBS", explique la banque dans un communiqué, puisqu'elle n'avait eu qu'un "temps limité" pour examiner les actifs de Credit Suisse.
Une compensation de 40 millions de francs suisses versée à la Confédération
UBS a depuis officialisé la fusion le 12 juin et pu procéder à un examen plus approfondi des actifs couverts par ces mesures de soutien. La banque en a conclu que ces mesures de soutien ne sont plus nécessaires et a donc demandé une "résiliation volontaire" des accords avec la Confédération, prenant effet le 11 août. UBS va verser 40 millions de francs à la Confédération à titre de compensation pour la mise en place de ces mesures, précise son communiqué.
Credit Suisse a entièrement remboursé les prêts d'aide supplémentaire de liquidités octroyés par la banque centrale, a également indiqué UBS. Cette levée de la garantie de l'Etat est "une bonne nouvelle pour la Confédération", a déclaré la ministre des finances, Karine Keller-Sutter, lors d'un point presse. Le remboursement des liquidités est "un signal fort", selon elle, alors que le dossier Credit Suisse a apporté son lot de "nuits blanches", a-t-elle reconnu.
Credit Suisse avait été éclaboussé par de nombreux scandales, dont la faillite de la société financière Greensill et l'implosion du fonds spéculatif Archegos qui lui avait coûté plus de 5 milliards de dollars, ce qui faisait craindre que ses activités ne révèlent beaucoup de mauvaises surprises. Ces scandales avaient fragilisé la banque mais s'était transformés en grave crise de confiance lorsqu'un mouvement de panique s'était emparé des marchés financiers après la faillite de la banque américaine SVB, faisant chavirer Credit Suisse en Bourse. La banque centrale avait alors dû lui lancer une première bouée de sauvetage sous la forme d'un prêt de 50 milliards de francs.
Davantage de détails sur les projets d'UBS à la fin du mois
Compte tenu des prêts déjà accordés avant les négociations avec UBS, les prêts sous forme de liquidités ont atteint "un montant maximum de 168 milliards de francs", a quantifié la BNS dans un communiqué, tout en se félicitant qu'ils aient été "intégralement remboursés". A 9 heures 32 GMT, l'action UBS bondissait 5,08% à contre-tendance du SMI, l'indice phare de la Bourse suisse, en baisse de 0,17%. Le fait qu'UBS renonce à ces mesures de soutien est "positif", a réagi Michael Klien, analyste à la Banque cantonale de Zurich, dans un commentaire boursier. A ses yeux, cette décision montre que le "profil de risques" de Credit Suisse et de "la nouvelle UBS" est "meilleur" que ce que les marchés craignaient au début de la fusion.
Selon Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, "le parcours est loin d'être terminé", mais les dirigeants d'UBS semblent avancer "à toute vapeur" dans la mise en place de leurs projets. Cette annonce va de surcroît calmer "le débat politique" alors que le rapprochement des deux plus grandes banques du pays suscite de vives inquiétudes en Suisse, concernant l'emploi, la concurrence mais aussi le poids de l'établissement par rapport à la taille de l'économie suisse. Les analystes espèrent davantage de détails sur les projets d'UBS lors de la publication des résultats du deuxième trimestre, repoussée à fin août compte tenu de la complexité de la fusion.