Credit Suisse: 62,5 milliards d'euros de sorties de capitaux au premier trimestre, bénéfice net en trompe-l'œil

Credit Suisse a enregistré des sorties de capitaux de 61,2 milliards de francs suisses au premier trimestre (62,5 milliards d'euros) et dégagé un bénéfice net de 12,4 milliards de francs suisses (12,6 milliards d'euros), gonflé par des dépréciations ordonnées par le régulateur suisse pour son rachat par UBS.
Sur une base ajustée, la banque a essuyé une perte avant impôts de 1,3 milliard de francs, en dépit d'un gain de 700 millions de francs sur la vente d'une part de ses activités de produits titrisés à Apollo Global Management, indique-t-elle dans un communiqué.
Des pertes "substantielles" à venir
Les sorties de capitaux se sont chiffrées à 61,2 milliards de francs suisses durant le trimestre, sur fond de retraits importants durant "la seconde moitié de mars", indique la banque dans un communiqué, précisant qu'elles ont ralenti mais ne se sont "pas encore inversées".
À la lumière de la fusion qui se profile avec UBS mais aussi des frais de restructuration et des charges de financement, la banque s'attend à une perte avant impôts "substantielle" au deuxième trimestre ainsi que sur l'ensemble de l'année 2023, tant au niveau du groupe que dans sa banque d'investissement, précise-t-elle dans le communiqué.
Durant ce premier trimestre, la banque d'affaires a essuyé une perte de 337 millions de dollars (306 millions d'euros) dans un contexte déjà difficile pour le secteur mais "exacerbé par les problèmes" affectant Credit Suisse, reconnait le groupe dans le communiqué.
Le rachat par UBS crée des remous
Le 19 mars, la banque a été sauvée par le biais d'un rachat par UBS sous la pression des autorités suisses pour 3 milliards de francs. La Finma, le gendarme des marchés suisses, avait ordonné une dépréciation d'obligations dites AT1, des instruments de capital à risque, créés dans le sillage de la crise financière de 2008 pour renforcer les fonds propres des banques.
Leur valeur a été ramenée à zéro, provoquant la stupeur des détenteurs de ce type d'obligations, qui arrivent normalement en premier dans l'ordre de remboursement en cas de faillite. Des groupes d'investisseurs commencent à intenter des poursuites.
Dans le communiqué, la banque indique également qu'elle est parvenue à un accord pour mettre un terme à l'acquisition controversée de sa banque d'affaires par la société du banquier d'affaires américain Michael Klein.