Une filière en France au moins a le sourire: après une dégringolade de 30%, la production de foie gras rebondit fortement et les consommateurs en veulent à nouveau

Tournant la page de la crise causée par le dernier épisode de grippe aviaire, la production française de foie gras devrait atteindre en 2025 le même niveau que l'année précédente.

Le foie gras ne manquera pas sur les tables de Noël. Effaçant les dernières traces de la grippe aviaire, la production française de foie gras a retrouvé son souffle et aborde la saison festive avec optimisme. "J'ai une très bonne nouvelle: nous avons des professionnels sereins, certes vigilants, mais très optimistes" pour les prochaines fêtes de fin d'année, s'est réjoui le président de l'interprofession du foie gras (Cifog), Fabien Chevalier, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mardi à Paris.

La filière pourra "satisfaire tous [ses] clients" lors des fêtes de fin d'année, a ainsi assuré Fabien Chevalier, citant distributeurs, industriels et restaurateurs.

Le foie gras français s'est dépêtré de deux années difficiles. L'influenza aviaire avait durement touché les élevages d'oies et de canards à l'hiver 2021 et au printemps 2022, faisant dégringoler la production de foie gras – elle s'était écroulée de plus de 30% sur l'année 2022, tombant sous la barre des 9.000 tonnes. Si la reprise s'était amorcée en 2023 grâce à la campagne de vaccination, la production n'est véritablement revenue à la normale qu'en 2024, où un peu moins de 15.800 tonnes avaient été décomptées.

Pour cette nouvelle saison, l'embellie se confirme à l'horizon: la production française de foie gras s'annonce stable en 2025 par rapport à l'année précédente, estime le Cifog "au vu du niveau des abattages réalisés sur les huit premiers mois" de l'année.

Un retour des consommateurs

Les consommateurs, eux, devraient être au rendez-vous si l'on observe leurs derniers achats de Pâques ou de la Saint-Valentin. Les achats en magasins pour la consommation à domicile ont grimpé de 55% en volume et de 42% en valeur sur le premier semestre 2025 par rapport à la même période de l'année précédente, où ils avaient déjà enregistré des augmentations à deux chiffres (+15% en volume et +14% en valeur), rapporte le Cifog, qui cite des données Kantar/Numerator.

Face à la diminution de l'offre, mais aussi face à la nette hausse des prix, les Français avaient diminué leurs achats de foie gras en 2022-2023. Sauf revirement inattendu, l'année 2025 devrait consolider la dynamique de reprise constatée en 2024, anticipe l'interprofession, qui énumère une hausse du nombre de ménages acheteurs (+24%), une hausse des quantités moyennes achetées (+10,4%) et une hausse de la fréquence d'achat (+13,5%) au premier semestre 2025.

Le retour à une offre élargie dans les magasins permet de "retrouver nos ménages acheteurs traditionnels", souligne sa directrice générale, Marie-Pierre Pé, auprès de BFM Business. Au plus fort de la crise, l'insuffisance de la production avait entraîné une concentration de l'offre autour d'un nombre restreint de produits, faute de pouvoir assurer l'approvisionnement habituel dans les rayons.

"Des ménages qui hésitaient à s'offrir du foie gras jusqu'à présent peuvent revenir aujourd'hui" grâce au retour de "petits grammages" dans les rayons, donne-t-elle en exemple.

Et qu'en est-il des prix? Ces derniers "seront stables en moyenne" par rapport à l'année dernière, avance Marie-Pierre Pé. Des opérations promotionnelles seront menées dans les magasins à partir de la fin du mois de novembre, car "les marques ont pu retravailler avec les distributeurs, maintenant que la production s'est redressée", indique-t-elle. L'interprofession a déboursé 2 millions d'euros pour une large campagne de communication qui prévoit, entre autres, un retour du foie gras dans les publicités TV.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV