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Miel: la récolte 2024 sera mauvaise dans la plupart des régions

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Printemps maussade, températures trop fraîches, parasites... Les abeilles, dont certaines colonies ont été décimées, ont produit peu de miel au printemps. Les apiculteurs tirent la sonnette d'alarme.

La récolte de miel 2024 sera mauvaise dans la plupart des régions françaises. À la suite de jours assez chauds mi-avril s'en est suivi un printemps maussade, des pluies incessantes, des gelées persistantes, des températures très en deçà de la saison pendant plusieurs semaines.

"La saison apicole est globalement très mauvaise d’après nos premières estimations, principalement liée à des mauvaises conditions météo, qui ont duré longtemps", nous confirme la Fédération Nationale du réseau de développement apicole (ADA France).

Conséquences du mauvais temps: des floraisons tardives ou abîmées, des abeilles qui avaient peu à butiner et étaient empêchées de sortir. La récolte de nectar étant faible, la production de miel de printemps s'est raréfiée. Parfois, les températures trop basses ont même cristallisé le miel, comme le relève l'Adapic (Association de développement de l'apiculture du centre).

"La situation est difficile partout en France pour la première partie de la saison et la suite s’annonce hétérogène", résume l'Adapic. Certaines régions ont été particulièrement touchées, essentiellement au Nord de la France, de la Picardie à la Bretagne, en passant par le Centre-Val de Loire.

"C'est le changement climatique qui influe beaucoup. Avant, les floraisons étaient assez séquencées, désormais toutes les espèces ont tendance à fleurir en même temps, ca devient très difficile à anticiper", souligne Christian Pons, président de l'Unaf (Union Nationale de l'Apiculture Française).

Des colonies d'abeilles meurent de faim

Autre inquiétude pour les apiculteurs: leur cheptel d'abeilles a aussi beaucoup diminué. Des colonies d'abeilles meurent de faim, faute de nectar, et les agriculteurs doivent assurer la survie de leurs colonies en les nourrissant eux-mêmes, par exemple en ajoutant du sirop dans les ruches.

"Beaucoup d’apiculteurs se battent pour maintenir les colonies en vie depuis plus d’un mois, une situation très rarement vue auparavant", alerte l'Adapic. Enfin les ruches sont aussi sous la menace de parasites et prédateurs comme le frelon asiatique.

Des chutes de production de 50 à 80% dans certaines régions

Au premier rang des récoltes touchées: celles de printemps. Les chiffres les plus fiables seront disponibles à l'automne, quand les saisons de récolte seront achevées. "Tant qu'une année apicole n'est pas terminée, difficile de donner des chiffres, abonde Christian Pons, apiculteur dans l’Hérault et président de l’Unaf. Et si la canicule se poursuit, ça va griller les dernières récoltes d'été".

Pour le premier semestre, les estimations sont mauvaises, voire catastrophiques, même si la situation reste géographiquement variable. Certains apiculteurs de la région Centre-Val de Loire annoncent des chutes de production -60 % à -100% par type de miel. En Savoie et en Haute-Savoie, comme le relate France Bleu, les chutes de production attendues vont de 50 à 80%. En Bretagne ou en Picardie, et plus généralement au nord de la France, les apiculteurs font grise mine.

"Globalement le Nord est plus impacté que le Sud, mais ca reste très disparate. A 10 kilomètres près dans un même département, certaines ruches n'ont rien donné", confirme Christian Pons.
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Un soutien de l'Etat limité à du saupoudrage

Des apiculteurs voient leur activité mise en danger pour l'année 2024. "Certaines situations vont être particulièrement difficiles pour les jeunes, qui ont contracté des prêts par exemple, confirme Christian Pons. Sans compter qu'il n'y a pas de réelle aide de l'Etat à la filière, seulement un peu de saupoudrage. Les bénéfices de la pollinisation ne sont pas pris en compte par exemple". Plusieurs associations demandent un soutien gouvernemental aux productions les plus touchées.

Enfin, les différentes associations et fédérations d'apiculteurs appellent les consommateurs à continuer de les soutenir, notamment en consommant du miel français. Le miel étranger absorbe une grande partie de la demande intérieure, à des prix au kilo très inférieurs pour une qualité très variable.

Marine Landau