Mauvaises récoltes de blé: cela va-t-il faire gonfler le prix de la baguette?

Les moissons s'annoncent mauvaises dans les champs de l'Hexagone. La récolte de blé tendre, la principale production française, pourrait tomber à un peu plus de 25 millions de tonnes cette année, au plus bas depuis les années 1980, selon des premières estimations du cabinet Argus Media. Loin d'être une surprise: les pluies excessives et le manque d'ensoleillement, de l'automne au printemps jusqu'au début des moissons, n'ont laissé aucune illusion sur les rendements attendus.
De quoi manquer de farine? En matière de blé, la France en produit deux fois plus qu'elle n'en consomme elle-même, ce qui laisse peu de place à la pénurie de farine malgré une mauvaise récolte. Même si les meuniers "n'ont pas l'habitude de faire des stocks", ce n'est pas la disponibilité qui les inquiète, mais plutôt "l'évolution des prix", confirme Abdoulaye Traoré, responsable des études économiques de l'Association nationale de la meunerie française (ANMF), auprès de BFM Business.
Les premiers retours des moissons montrent des grains "moins remplis" en raison des intempéries. Plus concrètement, cela signifie "moins de farine produite pour une même tonne de blé", explique Abdoulaye Traoré, alors même que les charges fixes (énergie, salaires...) des meuniers restent inchangées. Si la faible récolte dans l'Hexagone pousse les prix du blé français à la hausse, cela pourrait mathématiquement se reporter sur le prix de la farine pour tenir les coûts de production des moulins.
Pas encore de bilan définitif
Rien n'assure néanmoins que le prix du blé français s'affole dans les prochains mois malgré les mauvaises récoltes attendues, et donc que le prix de la farine augmente aussi dans son sillage. Les meuniers tricolores utilisent en grande partie du blé local pour produire la farine, la France offrant largement de quoi satisfaire les besoins de la filière, mais les cours du blé français sont influencés par les cours mondiaux qui, eux, sont partis à la baisse ces derniers temps.
Pour l'heure, la forte concurrence entre les exportateurs, la faiblesse de la demande mondiale et des récoltes meilleures qu'attendues, notamment aux États-Unis, maintiennent les prix à des bas niveaux. La Russie, géante mondiale, devrait produire moins de blé que l'année précédente, mais "cela reste à des niveaux relativement importants par rapport à la moyenne des dernières années", soulignait ce mercredi matin Arthur Portier, consultant senior d'Argus Media, sur BFM Business.
La boulangerie artisanale et industrielle, ainsi que l'industrie agroalimentaire, représentent environ 90% de la demande de farine en France, loin devant les petits sachets de farine vendus dans les supermarchés.