Faute d'avions, Riyadh Air, la nouvelle compagnie saoudienne, retarde son lancement

Si les compagnies aériennes mondiales s'arrachent les cheveux à cause des retards de livraison de Boeing et Airbus, pour la toute jeune Riyadh Air, la problématique l'empêche tout simplement de décoller.
La nouvelle compagnie saoudienne fondée en 2023 attends toujours les 39 Boeing 787 Dreamliner (plus 33 en option) qui doivent constituer la première partie de sa flotte. Elle devait en recevoir huit en ce début d'année.
Conséquence, Riyadh Air, qui entend devenir une référence du haut de gamme aérien, se dit contrainte de reporter son lancement au moins jusqu’au second semestre de cette année.
"Je suis confiant, compte tenu des dernières prévisions, que nous aurons des livraisons cette année. Est-ce totalement sans risque? Évidemment non, ce n’est pas le cas", commente auprès de Bloomberg, Tony Douglas, directeur général de Riyadh Air qui ne se risque pas à donner une nouvelle date de lancement commercial.
On le sait, l'avionneur américain a traversé en 2024 une de ses pires années, sa production ayant été fortement ralentie par les enquêtes du régulateur américain suite aux nombreux incidents subis par ses appareils et par une grève de son personnel.
"Je suis confiant"
L'an passé, l'industriel a livré seulement 348 avions, sa pire performance depuis 2021.
C'est bien inférieur aux 766 avions livrés par son concurrent européen Airbus, qui est arrivé légèrement en-dessous de ses propres prévisions "dans un environnement complexe".
La compagnie saoudienne a d'ailleurs également commandé 60 appareils de la famille A321neo.
Ces retards empoisonnent les relations entre compagnies et constructeurs. Dans un récent entretien accordé à l'AFP, Willie Walsh, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), le lobby qui représente les compagnies aériennes, attaque vertement les industriels.
"Cette situation nous mécontente, voire nous met en colère, parce que cela n'a que trop duré. Les avions ne sont pas livrés à temps, ce qui provoque beaucoup de problèmes pour notre secteur. Nous ne voyons pas de retour à la normale post-pandémie, c'est très décevant, nous espérions que les grands acteurs auraient résolu ces problèmes à l'heure actuelle", commence-t-il.
Avant de détailler ses attaques. "Et ce n'est pas seulement dû à Boeing, qui a eu sa part de problèmes: Airbus n'a pas livré ses avions à temps. Quant aux fabricants de moteurs, ils ont été, je trouve, particulièrement mauvais".
Les grandes ambitions de l'Arabie saoudite dans l'aérien
Dans le cadre du programme de réformes ambitieux de son prince héritier, Mohammed ben Salmane, la monarchie pétrolière s'est fixé l'objectif de tripler son trafic aérien à 330 millions de passagers d'ici la fin de la décennie.
La nouvelle compagnie s'inscrit dans un "vaste ensemble de projets" qui "consolidera la position de notre pays en tant que hub international de l'aviation et centre logistique mondial", a affirmé le ministre saoudien des Transports, Saleh Al-Jasser, sur Twitter.
En novembre dernier, les autorités ont annoncé la construction d'un nouvel aéroport de 57 kilomètres carrés à Ryad, appelé à accueillir 120 millions de voyageurs d'ici 2030 et 185 millions d'ici à 2050.
Les autorités tentent de positionner Ryad comme un rival du centre d'affaires régional, Dubaï, aux Emirats arabes unis, dont la compagnie aérienne est la plus grande au Moyen-Orient.
Si le marché régional est considéré comme étant déjà "saturé", les transporteurs saoudiens ont l'avantage, par rapport à leurs concurrents Emirates ou Qatar Airways, de pouvoir compter sur un marché intérieur d'environ 35 millions habitants, estiment les analystes.