Dévoilé en 2013 mais toujours pas en service: pourquoi le Boeing 777X accumule les retards

Un nouveau coup dur pour Boeing. Déjà dans le viseur d'une enquête du régulateur américain après plusieurs incidents concernant certains de ses appareils 737, 777 et 787 Dreamliner, le constructeur a annoncé ce mercredi 21 août la suspension des vols tests de son nouveau gros porteur 777X. En cause: une défaillance d'une pièce reliant le moteur au corps de l'appareil.
Présenté en 2013, le 777X est proposé en deux versions: le 777-8 et le 777-9. Cet avion de ligne biréacteur est le plus gros appareil commercial produit au monde depuis l'Airbus A380 et le célèbre 747 de Boeing. Capable de transporter jusqu'à 426 passagers, l'appareil dispose d'ailes pouvant se replier aux extrémités affiche une consommation de carburant inférieure de 12% à ses concurrents.
C'est en tout cas la promesse de Boeing qui, plus de dix ans après la présentation du projet 777X, n'est toujours pas parvenu à faire certifier l'appareil dont l'entrée en service était prévu à l'origine en 2020. L'avionneur a en effet rencontré beaucoup d'obstacles dans le processus de certification. Initialement prévu à l'été 2019, le vol inaugural avait été repoussé en raison de problèmes avec le nouveau moteur GE9X, fabriqué par General Electric, mais aussi en raison de difficultés avec les ailes et la validation des logiciels.
Retards successifs
L'avion a également rencontré des problèmes importants lors d'essais de pressurisation, dépassant sciemment les conditions normales d'utilisation pour s'assurer de la fiabilité du matériel, en septembre 2019. L'un de ces essais qui s'est déroulé en présence des inspecteurs de la FAA, le régulateur américain, s'est en effet conclu par une rupture du fuselage entraînant la chute d'une porte.
Boeing n'a finalement opéré le premier vol test du 777X en janvier 2020. Plusieurs autres essais ont suivi cette année-là. Mais en mai 2021, nouveau coup de massue: dans une lettre adressée au constructeur, la FAA indiquait ne pas pouvoir certifier l'appareil "de manière réaliste" avant la mi ou la fin-2023, le régulateur évoquant notamment un problème sur un vol d'essai en décembre 2020 et sur lequel il estimait n'avoir pas recu toutes les informations sur la façon dont Boeing avait l'intention de rectifier le tir.
Il faudra attendre juillet 2024 pour que Boeing annonce la reprise du processus de certification de son modèle 777-9. "Nous avons débuté le vol de certification avec du personnel de l'administration fédérale de l'aviation (FAA, NDLR) à bord de l'appareil. Les vols de certification vont se poursuivre pour valider la sécurité, les performances et la fiabilité de l'avion", soulignait le groupe dans une déclaration écrite.
Des compagnies exaspérées
Des vols désormais suspendus après la découverte d'une pièce défaillante pendant une opération de maintenance. Dans ce contexte, l'entrée en service du 777X n'est plus attendue avant fin 2025, voire 2026. Un nouveau retard qui risque de contrarier un peu plus les compagnies aériennes qui ont misé sur cet appareil ayant déjà été vendu à plus de 500 exemplaires.
A commencer par le président d’Emirates. Tim Clark n'a pas caché son agacement en juin dernier: "Nous avons besoin de nos avions, nous ne pouvons pas faire face à des retards constants, nous avons une entreprise à gérer et la facture de la remise à neuf de tous ces avions devrait être remise à Boeing", avait-il déclaré, rappelant que sa compagnie a "une énorme commande de plus de 50 milliards de dollars pour les Boeing 777 et 787."
"Nous avons de grands projets pour l’avenir et devons être durs envers les partenaires avec lesquels nous avons conclu des accords. Les retards que nous constatons –je ne m’attends pas à ce que nous obtenions notre premier nouveau B777 avant 2026– signifient que nous devons conserver et remettre à neuf nos 777 existants", avait-il ajouté. Avant d'inviter Boeing à "prendre du recul" en se demandant: "qu'avons-nous fait de mal au cours des 10 ou 15 dernières années et comment y remédier?'".