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Aéronautique

Décollage raté de Vega-C: un échec lourd de conséquences pour Arianespace

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Le petit lanceur Vega-C a échoué pour son premier vol commercial cette nuit. Un raté qui pourrait avoir des conséquences néfastes pour Arianespace.

2 minutes 27 de vol et puis plus rien. Cette nuit, le premier vol commercial de Vega-C s’est soldé par un échec. Un décollage raté qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour Arianespace, au-delà de la perte du lanceur et de son chargement.

Vega-C est le nouveau lanceur léger européen que l'on présente comme la petite sœur de la future Ariane 6. Il effectuait ce mardi son premier vol commercial depuis Kourou. A son bord, deux satellites Pleiade Neo fabriqués par Airbus et dédiés à l'observation de la terre.

Quelques minutes seulement après le décollage, une anomalie a été détectée dans le deuxième étage de la fusée Zephiro 40, puis la trajectoire du lanceur a dévié de celle initialement prévue et les télémesures ont cessé d'arriver dans la salle de contrôle Jupiter à Kourou.

"La mission est perdue", a déclaré le président d’Arianespace Stéphane Israël.

L’entreprise a constaté qu'il n'y avait pas eu de retombées de débris après le décollage de Vega-C. Il n'a pas été précisé dans l'immédiat si le dispositif de destruction de la fusée a été activé ou si elle s'est abîmée en mer. Arianespace doit donner une conférence de presse depuis Kourou à 16h ce mercredi heure française.

Revers pour l’Europe spatiale

Cet échec est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe spatiale, même si à chaque décollage de fusée, le risque 0 n’existe pas. Vega-C est la toute nouvelle version du lanceur léger européen, avec une lettre C qui signifie consolidation. Ce lanceur a été conçu sous maitrise d'œuvre italienne, par Avio. Il doit permettre à l'Europe d'envoyer rapidement à des cadences élevées et à moindre coût les petits satellites.

Il faudra plusieurs mois pour analyser les causes de l’échec, mais avec ce revers, les retards d'Ariane 6 qui ne sera pas là avant fin 2023 et les Russes et Soyouz qui ne sont plus disponibles, l’Europe se retrouve sans capacité de lancement. Quel choix reste-t-il aux opérateurs européens que de passer par une solution américaine comme SpaceX, ou indienne?

Au-delà de cette question de souveraineté se pose aussi une question technique. Vega-C et la future Ariane 6 partagent des éléments communs. Les déboires du petit lanceur envoient un signal très négatif.

Mauvaise nouvelle pour les armées

Ce raté est aussi une très mauvaise nouvelle pour Airbus Defence&Space qui perd deux satellites d’observation d’un coup de sa constellation Pléiade Néo (observation de la terre avec une résolution de 30 centimètres). Deux sont déjà en orbite, les deux qui devaient partir avec Vega sont les deux derniers.

Pour Airbus, le retentissement négatif sur le développement de son service commercial est inévitable. Le géant européen a développé sur fonds propres ce programme, dont les services sont vendus tant aux entreprises qu'aux militaires. Les satellites apportant des revenus commerciaux sont généralement assurés. Selon un connaisseur du secteur, Pléiades Neo 5 et 6 étaient couverts à hauteur de 220 millions d'euros par un consortium d'assureurs, permettant, si Airbus le décide, de les fabriquer à nouveau.

La perte de ces satellites est aussi une mauvaise nouvelle pour les armées, notamment française, cliente des images haute résolution fournies par cette constellation pour surveiller notamment la situation en Ukraine, alors que le satellite militaire français d'observation CSO-3 n'a toujours pas pu être lancé faute de disponibilité des Soyouz et Ariane 6.

Jean-Baptiste Huet avec Pauline Ducamp et Pascal Samama