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Aéronautique

Avec la certification de son moteur, Safran accélère dans l'aviation électrique

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L'ENGINeUS 100 est désormais validé par l’Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA). Il équipe notamment les appareils de la start-up toulousaine Aura Aéro.

C'est une étape importante pour l'aviation 100% électrique et donc pour la décarbonation du secteur. Pour la première fois au monde, un moteur électrique est certifié par l’Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA). Il s'agit de l'ENGINeUS 100 développé par le français Safran.

"Nous venons de vivre un moment-clé dans l’histoire de l’aéronautique. En obtenant la certification, Safran Electrical & Power réalise une première mondiale. C’est une immense fierté", se félicite Bruno Bellanger, président de Safran Electrical & Power.

"Nous félicitons Safran pour cette avancée majeure, qui ouvre la voie à l’électrification de l’aviation, des petits avions jusqu’aux appareils de plus grande taille", commente de son côté Rachel Daeschler, Directrice de la Certification de l’EASA.

"La certification du moteur a été obtenue après une campagne d’essais de 1.500 heures de tests de certification du moteur et plus de 100 heures de vol en conditions réelles. Elle est le résultat de quatre années de travail collaboratif avec l’EASA pour définir les règles de navigabilité spécifiques à la propulsion électrique et concevoir les méthodes de validation appropriées", explique l'industriel.

Le moteur électrique ENGINeUS 100 de Safran
Le moteur électrique ENGINeUS 100 de Safran © Safran

Safran met également en avant le design tout-en-un et compact de ce moteur qui "inclut l'électronique de puissance et de contrôle directement dans le moteur. Son design permet une intégration facile dans toutes les architectures propulsives, grâce à sa compacité, sa légèreté, et son système de refroidissement par air. Il délivre une puissance maximale de 125 kW, affichant un rapport poids/puissance inégalé de 5 kW/kg".

Compact et tout-en-un

Ce moteur pourrait devenir la pièce centrale de l'aviation électrique régionale ou d'apprentissage, "de la propulsion 100% électrique pour les petits avions de 2 à 4 passagers, à la propulsion hybride distribuée pour les avions de transport régional de 19 passagers".

Mais Safran évoque aussi la possibilité d'équiper des futurs appareils commerciaux de 150 passagers qui utiliseront l’hybridation électrique. Une perspective encore assez lointaine.

Dans le domaine de la petite aviation, le moteur de Safran a déjà été choisi par de nombreux constructeurs, comme la start-up toulousaine Aura Aéro.

L'entreprise a développé deux appareils, notamment l'Integral E qui a obtenu son permis de voler et a effectué son premier vol en décembre dernier. L'Integral E est un avion 100% électrique biplace, destiné à la formation, à la voltige et au loisir.

L'Integral E d'Aura Aéro
L'Integral E d'Aura Aéro © Aura Aéro

Cet avion doit aussi servir de rampe de lancement pour un appareil hybride plus grand qui visera des liaisons régionales. Il est baptisé ERA (Electrical Regional Aircraft) et comptera 19 places, mais n'a pas encore été certifié.

Une ligne de production à Niort

"La certification de l’ENGINeUS 100 constitue une étape majeure en vue de la mise en production et de la commercialisation des premiers appareils", indique ainsi Safran. Aura Aéro mise ainsi sur 2026 pour lancer commercialement son Integral E.

Safran cite d'autres constructeurs d'avions électriques qui ont d'ores et déjà choisi son moteur (ou les moteurs-générateurs GENeUS) comme Bye Aerospace (Etats-Unis), CAE, Diamond Aircraft (Autriche), Electra (Etats-Unis), TCab Tech (Chine), et VoltAero (France).

Fort de cette certification, l'industriel entend désormais intensifier la production de ce moteur "avec l'ouverture de quatre lignes de production semi-automatisées en 2026 à Niort (France) et Pitstone (Royaume-Uni), permettant la fabrication de plus de 1.000 moteurs électriques par an avec une capacité d’extension" à 4.000 à 5.000 moteurs par an, voire plus. Si la demande est là.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business