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A la tête des grandes entreprises, les femmes font (doucement) leur place

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Une nouvelle étude relève que pour les entreprises françaises cotées en bourse, les lois sont respectées, sans atteindre la parité pour autant. Et avec des disparités persistantes dans les postes occupés.

Un respect des lois mais toujours pas de parité. Le cabinet Heidrick & Struggles a comptabilisé 30% de femmes à des postes de direction en 2021, parmi les 120 entreprises composant le SBF 120 (rassemblement du CAC 40 et des deux compartiments d'Euronext). De quoi respecter la loi Rixain, adoptée mi-décembre.

Dix ans après l'adoption de la loi Copé-Zimmermann, qui imposait 40% de femmes dans les conseils d'administration, cette loi prévoit d'instaurer un quota de représentation parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes des entreprises d'au moins 1 000 salariés: au moins 30% de femmes en 2027 et 40% en 2030.

Il faudrait encore que plus de 200 femmes accèdent à des postes de direction au sein de ces entreprises (dont 78 parmi les entreprises du CAC 40) pour atteindre un quota de représentation de 40% sur 1347 postes au sein des comités exécutifs, selon les calculs de Heidrick & Struggles basés sur des chiffres à fin 2021.

Un "impact" sur les entreprises

Le cabinet ne manque pas de relever que chez les "accélérateurs", surnom donné aux entreprises qui ont déjà atteint les seuils de la loi, le fait d'être dirigé par une femme "a un impact" sur la direction.

"Parmi les entreprises les plus avancées, avec déjà 40% de femmes au comité exécutif, six d'entre elles sont dirigées par une femme", à savoir Europcar, Eutelsat, Gecina, Maisons du Monde, Nexity et Sodexo, note ainsi Hervé Borensztejn, de Heidrick Consulting.

Quatre femmes dirigent ou sont sur le point d'arriver à la direction d'entreprises du CAC 40, chez Engie, Veolia, Suez, Orange. Ces trois dernières nominations, récentes, n'ont pas été prises en compte dans l'étude.

Des comités exécutifs à deux vitesses

Il est toutefois à noter qu'au sein des comités exécutifs, près de deux tiers (68%) des femmes occupent des postes fonctionnels (RH, finances, juridique, achats, IT, communication, RSE...) à la tête de direction marketing, ressources humaines ou juridique, alors que les fonctions opérationnelles (direction générale, commerciale...) sont occupées à 86% par des hommes.

"Si on était un peu critique par rapport à ça, on dirait qu'on commence à observer des comités exécutifs à deux vitesses", regrette Hervé Borensztejn. Mais pour atteindre les seuils de 40%, mathématiquement "les entreprises ne pourront pas se contenter d'avoir uniquement des femmes sur les postes fonctionnels. Il y a un effet de seuil", prévient-il.

Plus d'égalité dans la nouvelle génération

La rapidité de l'évolution de la parité au sein des comités de direction dépend des secteurs: les sciences de la vie (+10% entre 2020 et 2022) et les services financiers (+8%) sont moteurs, tandis que l'industrie et les services se rattrapent moins vite (+3%).

La féminisation des comités exécutifs se traduit également par un rajeunissement, souligne l'étude, qui montre en outre une nouvelle génération plus mixte: au sein des comités exécutifs, les femmes et les hommes sont à parité parmi les moins de 44 ans (52% de femmes).

V.G avec AFP