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Enrico Letta craint "l'inertie" en Europe et interpelle les électeurs français avant le second tour

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L'ancien Premier ministre italien estime que l'inertie ralentit l'intégration européenne et favorise les concurrents américains et chinois de l'UE. "C'est dans vos mains dimanche prochain", a-t-il lancé ce vendredi au public français des Rencontres économiques d'Aix.

L'ancien Premier ministre italien Enrico Letta, auteur en avril d'un rapport prônant une meilleure intégration de l'Union européenne, a redouté vendredi 5 juillet "l'inertie" qui ralentit ce projet, lançant à son public français que ce choix "était dans leurs mains dimanche".

"Les drapeaux nationaux" que chaque pays européen brandit "sont trop petits", a observé Enrico Letta lors d'une table ronde aux Rencontres économiques annuelles qui se tiennent vendredi et samedi à Aix-en-Provence, dans le sud de la France.

Il a remarqué qu'il était ainsi impossible, à quelques exceptions près, de voyager d'une capitale européenne à l'autre à bord d'un train à grande vitesse en raison des normes nationales des chemins de fer, dénonçant "une fragmentation qui empêche la compétitivité européenne".

Et "c'est la même chose sur l'énergie, les télécoms et surtout sur les services financiers", a-t-il déploré.

"L'argent privé européen va aux États-Unis"

Cette absence de grand marché financier européen, notamment pour financer les transitions verte et numérique, "fait jouir Wall Street d'un côté et fait jouir les Chinois de l'autre", a-t-il lancé.

Aujourd'hui, a-t-il décrit, "l'argent privé européen va aux États-Unis (car) le marché intégré américain est attrayant. (Cela) rend plus fortes les entreprises américaines qui reviennent en Europe avec notre argent pour acheter nos entreprises européennes", s'est-il ému, évoquant "un suicide".

Évoquant les raisons qui ont empêché ce marché de capitaux unique jusqu'à présent, il a évoqué "l'inertie, qui va vers le national sur ce sujet". D'autre part, a-t-il relevé, la "poussée" nécessaire "a besoin de leadership politique".

"C'est dans vos mains dimanche prochain"

"Mais trouvez-moi un leader politique qui soit capable aujourd'hui de mettre son visage à côté d'une proposition d'intégration des marchés financiers: les gens pensent "ça, c'est pas pour moi, c'est pour les banquiers, ça (ne m'apporte) rien à moi d'avoir les marchés financiers intégrés"", a-t-il regretté.

"L'inertie fera que notre fragmentation nous amènera au déclin, c'est dans vos mains dimanche prochain", lors du second tour des législatives, a-t-il lancé au public.

L'Europe "doit reprendre le dessus" avec "de la prise de risque, élément absolument essentiel de l'innovation", a-t-il dit, soulignant que son rapport du mois d'avril va dans ce sens. "Je vais espérer vraiment qu'il ne termine pas sa vie dans un tiroir", a conclu Enrico Letta.

T.C. avec AFP