En 2022, la canicule devrait coûter cher à l'économie française

La canicule pèse aussi sur la croissance et en 2022, la note s'annonce plus salée que lors de la canicule de 2003. L’épisode caniculaire d'août 2003 avait grevé la croissance annuelle de 0,1 ou 0,2 point. Mais, à l’époque la hausse du mercure n'avait duré que deux semaines.
Or cette année, plusieurs épisodes de fortes chaleurs ont déjà frappé le territoire, à commencer par le mois de mai dernier, le plus chaud jamais enregistré en France. L’épisode caniculaire du mois de juin 2022 est le deuxième le plus intense pour un mois de juin depuis 1947. Quant aux niveaux de canicule de ce mois de juillet, ils sont comparables à ceux du seul mois d’août 2003. La canicule de 2022 devrait pas conséquent peser particulièrement lourd sur l’économie.
Mais par quels mécanismes le phénomène climatique affecte-t-il l'activité et la croissance? Selon le département américain du commerce, 70% de l’économie serait "météosensible". Cela signifie qu'une majorité de l’activité est impactée par les variations du climat.
Des effets sur la productivité et sur la consommation
Ces changements météorologiques ont d’abord des effets sur la productivité des salariés. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime ainsi qu’au-delà de 33°, 50% de la productivité et de l’efficacité des salariés est menacée. Les secteurs les plus touchés sont ceux du BTP, des transports, de l’agriculture et de la sylviculture.
Il y a également quelques secteurs qui profitent, à l'inverse, de la canicule comme celui de l’énergie au sens large avec la production d’électricité, la vente de climatiseurs et de ventilateurs. Mais les effets positifs dont ils bénéficient ne compensent pas le manque à gagner des autres secteurs d’activité.
La canicule a aussi tendance à mettre un coup de frein sur la consommation. On note ainsi généralement une baisse des achats de vêtements, mais aussi des achats alimentaires comme la viande, le chocolat, mais aussi les fruits et légumes, dont les prix flambent. Au total, la consommation avait baissé de près de 3% au mois d’août 2003.
814 euros par Français exposé
Enfin, il ne faut pas oublier les conséquences sanitaires de la canicule, comme les décès, les frais médicaux, les pertes de bien-être liées au restrictions de déplacement, etc. Leur coût est impossible à évaluer pour 2022, mais il pourrait être moins important qu'en 2003. A l'époque, le danger de santé publique que représentait le phénomène climatique, relativement nouveau, avait été sous-évalué par la population et par les pouvoirs publics. En comparaison, les épisodes caniculaires sont davantage anticipés et pris en charge aujourd'hui avec notamment la mise en place du plan canicule depuis 2004. Toutefois, il faut aussi noter que l’hôpital et les soignants apparaissent particulièrement fragilisés, en 2022, après deux ans de crise sanitaire.
L’université d’Aix-Marseille a estimé qu’entre 2015 et 2020, les canicules avaient coûté en moyenne 814 euros par Français exposé. Selon leur position géographique, tous les Français n’ont en effet pas connu d’épisode caniculaire depuis 2015.
Les départements de la Côte d’Armor, du Finistère et de la Creuse ont en effet échappé au phénomène. En 2021, Santé publique France s'était aussi penchée sur la question du coût des canicules. D'après son étude, ces épisodes climatiques extrêmes auraient coûté, entre 2015 et 2020, autour de 22, voire jusqu'à 37 milliards d'euros, selon la méthode de calcul choisie.