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Emploi

Zones sensibles : les deux premiers « emplois francs » signés à Marseille

10 000 emplois francs sont programmés sur trois ans.

10 000 emplois francs sont programmés sur trois ans. - -

Les deux premiers « emplois francs », destinés aux jeunes de zones sensibles, ont été signés mercredi. Les entreprises qui embauchent ces jeunes reçoivent 5 000 euros de l’Etat. A terme, le gouvernement veut en signer 10 000 en trois ans.

Il y a les emplois d’avenir, les contrats de génération et, maintenant, les « emplois francs ». Les deux premiers du gouvernement Ayrault ont d’ailleurs été signés mercredi à Marseille, qui fait partie des 10 agglomérations sélectionnées pour expérimenter ce nouveau dispositif.
Les emplois francs, qualifiés par le gouvernement de « complémentaires » des emplois d’avenir, visent à faciliter l’embauche en CDI de jeunes de moins de 30 ans, issus de quartiers classés en Zone Urbaine Sensible (ZUS), qu’ils soient qualifiés ou non. Des entreprises qui embauchent bénéficient pour chacun de ces emplois d’une aide de l’état de 5 000 euros par an. Objectif pour le gouvernement : lutter contre la discrimination à l’embauche dont sont victimes les jeunes issus de ces quartiers. 10 000 emplois francs sont programmés sur trois ans dont 400 dès cette année à Marseille.

« C’est déjà un début »

A Félix-Piat dans le 3e arrondissement de Marseille, un quartier en ZUS où le taux de chômage des jeunes atteint plus de 70%, ces nouveaux contrats pourraient donc changer les choses. Souleymane, 26 ans, titulaire d’un bac pro mais toujours sans emploi espère ainsi éviter une discrimination en raison de son lieu de vie. « A chaque fois qu’on va se présenter quelque part, qu’on donne notre adresse… "Ah, ok, on vous rappellera", et plus jamais de nouvelles. Il y en a qui ont le bac + 2 ou + 3 et ils sont là, ils ne trouvent rien, ils sont dans le quartier tous les jours », regrette-t-il.
Nordine, éducateur dans le quartier, espère lui aussi que ces contrats vont changer les choses. « Le gamin va voir son collègue partir travailler à 5h du matin, il va lui dire "Où tu vas ? Travailler ? Tu ne veux plus tenir les murs ? – Non, ça ce n’est plus pour moi". Il n’est plus en train de dealer, il peut se dire "il n’est plus en train de dealer, ça c’est un exemple". 400 emplois c’est une goutte dans l’océan, mais c’est déjà un début ».

« L’opportunité de recruter sur les postes où on a du mal »

L’un des premiers employeurs à avoir signé un « emploi franc » est Gilles Brunschwig, directeur général de l’entreprise Futur Telecom, une PME spécialisée dans la téléphonie pour les professionnels.
Il vient d’embaucher une jeune fille de 28 ans issue du quartier des Flamands dans le 14e arrondissement de Marseille comme chargée de clientèle. « Il est probable que son CV ne serait jamais parvenu à Futur Telecom si elle n’avait pas été dans le cadre de ce dispositif, parce que la rencontre n’aurait pas eu lieu, parce qu’elle ignorait même que Futur Telecom puisse exister ».
Pas question d’argent, donc, mais avant tout de relationnel. « L'intérêt pour moi, c’est principalement la création de la rencontre, l’intérêt financier est tout relatif, les 5 000 euros ne sont pas un moteur, pour nous en tout cas, pour recruter cette personne. C’est l’opportunité de recruter sur les postes où on a du mal. Ça parait paradoxal mais c’est difficile de trouver de bons candidats, des gens qui vont être impliqués, motivés, qui vont être là tous les matins, parce qu’ils ne trouvent pas le chemin de notre entreprise, parce qu’ils ne nous écrivent pas, ou parce que peut-être quand ils nous écrivent, ils ne le font pas en se mettant en avant et en valeur ».

Mathias Chaillot avec Lionel Dian