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"Une compétence qui s'apprend": les conseils de nos experts RH pour affirmer son autorité au travail (sans devenir toxique)

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À l’heure où l’autorité ne se décrète plus mais se construit, pour se faire respecter sans écraser, mieux vaut inspirer que dominer. Un équilibre parfois délicat en entreprise.

Dans un monde du travail en pleine mutation, les notions de management et d'autorité ne font plus l’unanimité. Selon une étude d’Opinionway, 88% des Français estiment qu’il y a trop de "petits chefs" qui abusent de leur autorité en entreprise. Pour trois Français sur quatre, les compétences sont ce qui légitime le mieux l’autorité. Mais la notion d’autorité est-elle vraiment totalement dépassée?

"On doit pouvoir rattacher l’autorité au contenu de sa mission", explique Jean-Christophe Villette, directeur général du cabinet Ekilibre. Si dans l’entreprise, affirmer son autorité reste essentiel, cela ne passe plus par une position hiérarchique, mais par une posture cohérente, construite et incarnée.

L’autorité, une posture légitime et construite

Être simplement un chef ne suffit plus: il faut prouver qu’on est un leader, et donner envie plutôt que donner des ordres.

"Ce qui est fondamental, c’est de travailler son alignement", souligne Jean-Christophe Villette. Mais cette légitimité, réelle ou perçue, suppose un travail en profondeur.

Le leadership moderne serait donc moins un rapport de force qu’un rapport de sens. "Il y a trois qualités nécessaires pour s’affirmer dans le cadre de son rôle en entreprise", explique Jean-Christophe Villette. "Il faut savoir poser le cadre de manière claire, il faut avoir de la cohérence par rapport au cadre et il faut savoir poser des limites", explique le ddu cabinet Ekilibre.

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Un "savoir être" qui se rapproche d’un nouveau modèle, basé sur une vision partagée. "L’autorité, c’est un peu soumettre l’autre à ses besoins et à son statut", souligne Khera Defamie, créatrice de Feminine Leaders, "donc un vrai leader doit savoir fédérer autour de lui des personnes autour d’une vision commune pour pouvoir passer à l’action", détaille l’experte.

Trouver le bon cadre: fermeté et humanité

Cette évolution ne signifie pas pour autant l’abandon des règles. Pour Deborah David, avocate et fondatrice de Nova Legal, l’autorité reste bien présente du point de vue juridique et relationnel. "Dans le monde du travail, l’autorité est le lien de subordination qui résulte du contrat de travail lui-même", explique l’avocate. Ce qui ne justifie pas l’absence de respect et bienveillance.

"Le management toxique, c’est une faute grave pour un manager", souligne Deborah David.

Pour éviter les dérives, il faut donc savoir poser les limites… avec méthode. "Il faut fixer un cadre de référence clair pour chaque mission, explique Jean-Christophe Villette, "tout en restant à l’écoute des besoins des personnes avec lesquelles on travaille."

Un équilibre subtil, presque un "travail d’orfèvre", qui doit s'adapter au cas par cas. Face à un collaborateur passif-agressif, par exemple, la réaction ne doit pas être impulsive. "Recadrer ce comportement en réunion, devant tout le monde, n’est pas forcément la meilleure stratégie", explique l’expert. Mieux vaut un tête-à-tête, préparé, pour soulever le problème, expliquer les conséquences et construire une solution partagée.

Compétence, pas domination

Affirmer son autorité relève donc plus d’une compétence, qu’on apprend à maîtriser avec le temps, que d’un tempérament. "Savoir interagir avec affirmation, savoir dire non, savoir se positionner… c’est une compétence", insiste Jean-Christophe Villette.

Au fond, "l’autorité ne s’hérite pas juste avec une position hiérarchique, elle se construit par coopération, influence, confiance", conclut l’expert.

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Tous les jours, Sandra Gandoin et ses experts vous répondent de 12h à 12h30 sur BFM Business.

Ilane Martins Ambrosio