Pourquoi le télétravail est moins satisfaisant pour les femmes que pour les hommes

Une mère en télétravail et son fils au Royaume-Uni, le 15 mai 2020, lors de la pandémie de Covid-19. - OLI SCARFF / AFP
Pour les femmes, le télétravail n'est pas toujours un cadeau. Il est souvent synonyme d'une "hausse du travail domestique et de la charge mentale". C'est ce que montre une étude de la Dares, le service statistique du ministère du Travail, publiée ce vendredi 28 mars et compile les résultats de nombreuses recherches sur le télétravail.
L'étude précise en préambule que le télétravail entraine de nombreux effets bénéfiques pour les salariés: "Cette pratique favorise l’autonomie, réduit les trajets domicile-travail et peut améliorer la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle", explique la Dares. Mais ce n'est pas l'objet de cette publication qui s'attache à comprendre les risques psycho-sociaux émergents associés au télétravail.
Un des résultats mis en avant par les auteurs est l'impact différencié du télétravail sur les hommes et les femmes. Aujourd'hui encore, les femmes s'occupent plus que les hommes des tâches domestiques et de l'éducation des enfants. Or le télétravail, qui brouille les frontières entre vie personnelle et professionnelle, semble exacerber cette inégalité.
Plus de stress
La Dares cite ainsi une étude américaine qui montre un niveau de stress accru chez les mères en télétravail aux États-Unis, jonglant entre les exigences professionnelles et les responsabilités familiales.
Un résultat qui se retrouve dans les données françaises. Les télétravailleuses ayant un enfant de moins de trois ans à charge sont davantage préoccupées par la gestion quotidienne du foyer pendant les horaires de travail.
Voici comment la Dares résume cette injonction contradictoire: "souhaiter télétravailler pour mieux gérer le travail domestique mais se retrouver dans la situation où le travail domestique s’impose davantage".
"La réassignation des femmes aux tâches domestiques constitue un risque majeur dans le cadre du télétravail", alerte même l'institut.
Une satisfastion accrue chez les hommes
Ainsi, selon les données compilées, les hommes sont souvent satisfaits de pouvoir passer plus de temps à la maison, mais ce n'est pas toujours le cas pour les femmes car elles "se retrouvent confrontées à une charge de travail accrue, professionnelle et/ou domestique".
D'autant que, selon une étude Ipsos de 2021, les femmes sont 1,5 fois plus souvent interrompues que les hommes pendant leur télétravail. Selon un autre sondage, elles ont moins souvent accès à un espace isolé (40% des hommes télétravaillent dans un bureau contre 32% des femmes).
Les femmes sont ainsi plus souvent confrontées à des conflits entre vie professionnelle et familiale. Conséquence: elles auront tendance à "faire davantage de tâches ménagères et faire (leur) travail rémunéré en décalé même si cela suppose de ne pas faire de pauses ou de brouiller les frontières (préparer à manger en répondant à un mail [par exemple])".
Sans parler du fait que, toujours selon la Dares, le télétravail est associé à une augmentation des reproches, des tensions et des violences domestiques.
L'étude conclut ainsi: "Le télétravail met alors en lumière le partage inégal du travail domestique entre les deux membres du couple et la difficulté des femmes à concilier les sphères privée et professionnelle."