Coronavirus: dans de plus en plus d'entreprises les salariés inquiets ne veulent plus aller travailler

"J'invite tous les salariés des entreprises qui sont encore ouvertes, celles qui ont des activités indispensables au bon fonctionnement du pays à se rendre sur leurs lieux de travail" a souligné Bruno Le Maire sur l'antenne de BFMBusiness ce mercredi.
"Il faut que tous ces salariés des industries, des entreprises de nettoyage, de traitement des eaux, de l'industrie agro-alimentaire, de la grande distribution se rendent à leur travail pour assurer la sécurité économique du pays qui doit aller de pair avec la sécurité sanitaire. Il faut que de l'agriculteur jusqu'à la grande distribution, aux commerces de détail et aux marchés, les marchandises alimentaires puissent circuler", a-t-il insisté.
L'appel du ministre de l'Économie fait directement écho à la vague montante de droits de retrait dont plusieurs salariés d'entreprises continuant leur activité ont demandé l'exercice, depuis l'annonce du confinement général annoncé par Emmanuel Macron, lundi soir 16 mars.
Les syndicats dénoncent des mesures insuffisantes sur les lieux de travail
Des facteurs de Grenoble, alors que La Poste continue de distribuer le courrier, ont fait valoir hier mardi 17 mars leur droit de retrait, comme ils l'ont fait ailleurs sur le territoire, estimant que les mesures prises par la Poste sont insuffisantes pour protéger leur santé et celle de leurs clients face au coronavirus, a dénoncé le syndicat SUD PTT.
À l'usine Valéo d'Amiens (Somme), des représentants de la CGT sont en pointe pour accompagner et soutenir les salariés dans leur demande d'exercice de leur droit de retrait inquiets du maintien de l'activité, alors que 8 cas d'employés du site contaminés ont été recensés. Certains d'entre eux ont voté pour l'exercice de leur droit de retrait (qui reste individuel), hier mardi 17 mars.
D'ailleurs, d'autres syndicats dénoncent les conditions sanitaires dans certains secteurs où le télétravail n'est pas une option de repli face au coronavirus. Côté transports en commun, l'Unsa accuse "la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) et d'autres entreprises" de laisser "les salariés dans une situation intolérable et dangereuse".
FO dénonce les conditions de travail des routiers
Pour ces personnels toujours au travail, "pas de gel en quantité suffisante", pas de protection, avec des passagers "dans chaque bus ou tramway" et des "menaces à l'encontre des salariés posant leur droit de retrait pour le respect de leur santé", dénonce ce syndicat.
Côté transport des marchandises, FO demande "l'arrêt des transports non essentiels". Confrontés à la fermeture des bars et restaurants, les routiers "n'ont plus de quoi se restaurer et faire leur toilette", alors qu'ils "sont exposés" au virus, souligne le syndicat: "les conditions de santé au travail ne sont plus réunies".
Chez Amazon, qui voit les commandes en ligne exploser en liaison avec le confinement de la population, le personnel s'inquiète: "les salariés sont contraints d'aller travailler sous la menace de sanctions", selon Julien Vincent, délégué CFDT. L'entreprise "ne reconnaît pas le droit de retrait et ne met en place aucune mesure sanitaire sérieuse, à part quelques flacons de gel", indique-t-il.
Chez Amazon France, des salariés d'entrepôts s'inquiètent
Près de Douai (Nord), au moins 200 salariés de l'entrepôt Amazon ont exercé leur droit de retrait mardi, d'après la CFDT. Selon Le Monde, ce mercredi 18 mars, les syndicats de l’entrepôt de Saran, près d’Orléans (Loiret), organisent un rassemblement pour demander à la direction la fermeture du site et le confinement des employés
Amazon, qui anticipe une hausse de ses livraisons, assure avoir mis en place "des mesures sanitaires strictes", comme le lavage des mains et les distances de sécurité. "Impossible de mettre en oeuvre des distances de sécurité, sinon on ne peut pas travailler", affirme Julien Vincent, délégué CFDT.