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Chiens, chats… Faut-il créer un congé pour le décès de son animal de compagnie?

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Pour 88% des Français qui possèdent un animal, la perte de celui-ci est aussi difficile que celle d’un proche. Certaines entreprises du secteur animalier ont donc offert à leurs salariés la possibilité de prendre un jour supplémentaire de congé. Mais toutes les entreprises sont-elles prêtes à offrir ce jour supplémentaire?

C’est un moment difficile, vécu par 6 Français sur 10. La perte de son animal de compagnie. Une douleur diversement vécue, alors que certains propriétaires déclarent un attachement profond envers leur animal, allant jusqu'à le considérer comme un membre à part entière de leur famille pour 68% des interrogés, d’après une étude Ipsos. Faut-il envisager un congé dédié, pour se remettre de ce décès?

“Arrêtons de vouloir créer des congés pour toutes les causes, c'est sans fin, et intrusif”, commente Michel, auditeur de BFM Business, visiblement peu emballé par cette proposition.

Pourtant, la SPA offre depuis cette année la possibilité à ses 710 salariés de poser un jour supplémentaire de congé par an en cas de décès de leur animal. Une initiative pleine de sens pour le président bénévole de l’association protectrice des animaux, Jacques-Charles Fombonne.

Invité de l’émission Avec Vous sur BFM Business: “ça a été la conjonction de la conviction que nous partageons tous: nous sommes dans une logique de partage de la même cause animale”.

"Encore un congé de plus ?!"

Une vision raillée sur les réseaux sociaux. L’un de nos auditeurs propose d’aller “de ce pas acheter des centaines de poissons rouges” pour obtenir des jours de congés. Si la loi n’évoluera sans doute pas jusque-là, au grand désespoir de David, plus de 1700 votants (sur un total de 5000) s’expriment pour l’instauration d’un congé spécifique en cas de décès d’un animal de compagnie.

La perte de sa petite boule de poils peut être difficile à surmonter. “Les animaux qui nous entourent contribuent à notre bien-être et à notre équilibre”, défend Jacques-Charles Fombonne. Au point de se sentir incapable de se rendre au travail.

Une impression partagée par Khera Defamie, experte en leadership: “J’ai vu plusieurs fois des cadres être profondément affectés par le décès de leur animal”, au point de voir leur productivité s’effondrer.

Un temps de pause, pour marquer le deuil de son animal serait alors nécessaire. Sarah, une auditrice, témoigne qu’en décembre 2023, elle a pris la décision de faire euthanasier son chat âgé de 16 ans. “Je dois avouer que je n'étais pas à 100% dans mon travail les trois premiers jours”, nous écrit-elle.

Un congé attractif

Offrir un jour de deuil animalier ne coûterait pas si cher aux entreprises dès lors qu’un salarié de retour au travail au lendemain de la perte de son animal de compagnie est peu productif. Le recours à ce type de congés est relativement faible, y compris dans les entreprises Wamiz ou Santévet qui l’ont mis en place.

Mieux, cela peut devenir un argument d'attractivité: les candidats à un poste peuvent être sensibles à ce type de dispositifs mis en place pour le bien être des salariés. C’est un sujet de “marque employeur”, affirme l’expert Jonathan Gozard, recruteur. “La génération Z est très sensible à ces avantages proposés par une entreprise”.

“C’est dans notre intérêt, employeurs, de laisser l’individu prendre ce temps de deuil nécessaire”, estime le confondateur de Lingueo. Pour lui, sur le principe, ce n’est pas une question de jours. “Les employeurs doivent faire un accompagnement individuel” et adapter ce temps d’arrêt. Arnaud Portanelli ne prévoit pas de généraliser ce congé deuil animal mais d’évaluer la situation au cas par cas.

Aussi difficile de perdre son chien qu'un proche

D’autant qu’une enquête affirme que 88% des propriétaires d’animaux considèrent qu’il est aussi difficile de perdre son chien ou son chat qu’un proche. Or, des jours de congés sont prévus par la loi en cas de perte d’un proche. 3 jours ouvrés pour son partenaire ou épous(e), 3 jours pour l’un de ses parents, son frère ou sa sœur. La durée de ce barème peut être allongée par des conventions collectives ou un accord d’entreprise.

BFM Business avec vous : Faut-il instaurer un congé pour le décès d'un animal de compagnie ? - 14/05
BFM Business avec vous : Faut-il instaurer un congé pour le décès d'un animal de compagnie ? - 14/05
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Une téléspectatrice de l’émission se dit effarée par le peu de jours attribués pour la perte d’un enfant ou d’un conjoint. Pour elle, les 24 heures de pause pour le décès d’un animal de compagnie n’est donc pas la priorité. Mais “une cause ne chasse pas l’autre, elles se complètent”, lui répond le directeur de la Société Protectrice des Animaux. “Les deux pertes ne sont pas comparables, si ce n’est que les animaux contribuent à notre bonheur et à notre équilibre”.

Séverine, elle, considère qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.

Sur la page LinkedIn de BFM Business, elle écrit: “pour être passée par là plusieurs fois, effectivement, on n’est pas bien et moins efficace pendant un moment. Mais on a besoin de se changer les idées, d’avoir une activité”.

Jacques-Charles Fombonne comprend cet argument et précise qu’il ne s’agit pas de placer le salarié “un mois à l’isolement” mais de prendre en compte la souffrance du collaborateur.

Sur ce point, “les États-Unis sont très en avance sur nous”, affirme Jonathan Gozard. Le recruteur au Mercato de l’emploi a observé que les entreprises américaines sont allées jusqu’à former leurs managers à la meilleure façon de réagir face à un employé qui aurait perdu un animal. Pour le moment, ces mesures restent rares en France, proposées surtout par des entreprises liées aux animaux. Aucune disposition n’existe dans la loi française.

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Sofiane Aklouf avec Basile Bayeux