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Vie de bureau

"Ça ne marche tout simplement pas": le patron de JP Morgan critique vertement le télétravail

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Devant des salariés de la banque réunis dans l'Ohio, Jamie Dimon a fait part de son souhait de voir les effectifs revenir à temps plein au bureau, estimant que le télétravail nuit à la créativité et "ralentit la prise de décision".

Le télétravail n'est décidément plus en vogue parmi les grands patrons américains. En particulier pour Jamie Dimon, le patron du géant bancaire JP Morgan qui avait annoncé en début d'année la fin du télétravail à compter du mois de mars. Les employés avaient alors posté tellement de commentaires sur leurs inquiétudes (frais de transport, garde d'enfants, etc.) sur une plateforme interne que la banque avait fermé cette section.

Il y a quelques jours, le directeur général de JP Morgan Chase a fait part de son aversion au télétravail devant des salariés de la banque réunis à Colombus dans l'Ohio: "Ça ne marche tout simplement pas. Cela ne fonctionne pas pour la créativité, et cela ralentit la prise de décision. Et ne me dites pas que le travail depuis la maison fonctionne le vendredi! J'appelle beaucoup de monde le vendredi, et il n'y a jamais personne qui me répond!"

"Vous savez que j'ai raison là-dessus. Beaucoup d'entre vous, quand vous êtes sur le satané Zoom, faites les choses suivantes: vous regardez vos e-mails, vous envoyez des messages pour vous moquer d'un collègue, vous n'écoutez pas, vous ne lisez pas les slides… bien sûr que cela freine l'efficacité, la créativité et que c'est de l'impolitesse!"

S'il reconnaît que le télétravail peut apporter de la flexibilité dans certains cas nécessaires comme les aidants, Jamie Dimon cible les managers qu'il accuse de ne pas faire leur travail et de laisser les effectifs gonfler :"Nous n'avons pas besoin de tant de gens. Nous recrutons simplement parce que les gens que nous avons en interne ne font pas le travail qu'ils doivent faire."

Une pratique en recul outre-Atlantique

Au sortir de la pandémie de Covid-19, l'organisation hybride, avec deux ou trois jours hebdomadaires en présentiel, avait le vent en poupe à quelques exceptions près, comme Goldman Sachs et Tesla, qui ont rapidement imposé le retour à temps plein. Mais cinq ans après les premiers confinements, plusieurs grands groupes rejettent ce fonctionnement. La question est même devenue politique. Elon Musk, à qui Donald Trump a confié une mission consultative au gouvernement, veut éliminer tout travail à distance pour les employés fédéraux.

Chez Amazon, les ingénieurs et employés administratifs ont dû revenir cinq jours par semaine en ce début d'année. Plus de 90% d'entre eux sont mécontents, d'après un sondage du réseau social professionnel Blind en septembre, après l'annonce. Sur des forums de Reddit, des utilisateurs racontent avoir renoncé à postuler chez le géant du commerce en ligne à cause de cette règle. D'autres spéculent qu'il s'agit d'une méthode pour dégraisser les effectifs sans plan social, mais pensent que le groupe va perdre ses meilleurs éléments.

Fin 2024, environ un tiers des entreprises américaines exigeaient une présence à plein temps, 38% avaient une approche hybride et moins de 30% laissaient leurs employés choisir, selon le "Flex Index", une étude réalisée par Scoop, société de solutions informatiques.

Timothée Talbi avec AFP