Travail de nuit : Sephora assigné par des syndicats

Les syndicats du commerce parisien ont assigné Sephora en justice pour l’ouverture nocturne de son magasin des Champs-Elysées. L’enseigne menace de licencier 45 personnes si elle doit fermer ses portes à 21h.

Le Sephora des Champs Elysées va-t-il être obligé de fermer à 21 heures ? Les syndicats du commerce parisien ont assigné en justice le distributeur de parfums et cosmétiques Sephora (groupe LVMH) pour dénoncer l'ouverture nocturne de son magasin des Champs-Elysées et une décision en référé est attendue jeudi devant le Tribunal de grande instance de Paris.
Le Clic-P (intersyndicale du commerce de Paris CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD et CGC), reproche à l'enseigne d'ouvrir au-delà de 21H00 son magasin situé sur la célèbre avenue parisienne.

« Le jeu en vaut-il la chandelle ? »

La loi stipule que le recours au travail de nuit (après 21H00 et jusqu'à 6H00) est en principe exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale. Pour Karl Ghazi, de la CGT commerce, Sephora doit respecter la loi : « Il faut rappeler que c’est la santé des gens qui est en question. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Est-ce que acheter une bouteille de parfum à deux heures du matin chez Sephora ça vaut le coup de mettre en danger la vie des salariés qui sont déjà des salariés précaires au SMIC ? ».

« On est tous sur des sièges éjectables »

Réaction de la direction par voie de presse : dans un communiqué publié dans des journaux nationaux (voir à la fin de l’article), elle affirme que les salariés sont favorables à l'ouverture le soir du magasin et que le travail nocturne repose uniquement sur le volontariat. Pas forcément vrai assure un salarié qui témoigne anonymement sur RMC : « On arrive à arrondir les fins de mois parce que c’est quand même majoré, après, certains ont des vies de famille, donc ils ne peuvent pas se permettre de travailler de nuit mais parfois on l’impose. Quand un planning est envoyé par Sephora, je sais que c’est comme ça et pas autrement. On est tous sur des sièges éjectables, donc c’est comme ça et c’est tout ».
L’entreprise menace de licencier 45 personnes si la justice ordonne la fermeture à 21 heures, expliquant que 20% de son chiffre d'affaires est réalisé sur les horaires de nuit.
Mais l'intersyndicale n'a pas l'intention de s'arrêter à Sephora. Elle a déjà sur son bureau les noms de plusieurs autres grosses enseignes.

La Rédaction, avec Marie Dupin