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Suppression de 7 500 emplois chez Renault : une annonce qui passe mal

Renault veut supprimer 7 500 postes d'ici 2016. La CGT menace de ne pas signer l'accord.

Renault veut supprimer 7 500 postes d'ici 2016. La CGT menace de ne pas signer l'accord. - -

Renault envisage de supprimer 7 500 postes d’ici 2016, sans avoir recours au licenciement, pour relancer sa compétitivité. Un accord doit maintenant être négocié avec les syndicats, qui menacent de « ne pas le signer ».

D’ici 2016, c’est 15% des effectifs de Renault dans l’Hexagone qui devraient fondre. Le groupe automobile veut supprimer 7 500 postes sans toutefois avoir recours au licenciement. Il souhaite pour cela élargir certaines mesures de départs anticipés à la retraite et ne pas remplacer les départs naturels prévus d'ici là. La direction promet ainsi aux salariés qu'en cas d'accord sur ce principe avec les syndicats, il n'y aura aucun licenciement sec ni fermeture de site.

Une économie de 400 millions d’euros

Pour cela, il faudra prolonger l’accord GPEC (Gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences) qui avait été signé en février 2011 avec quatre syndicats et qui prévoyait des mobilités, des reconversions externes, et des « aménagements de fin de carrière » jusqu’en 2014. D'autre part, il s'agira de rendre accessible à tous les salariés Renault les mesures dites de « dispense d'activité des carrières spécifiques » (DCAS), qui permettaient jusqu'à présent à certains salariés de quitter l'entreprise par anticipation avec 75 % de leur salaire, sous réserve de conditions d'âge (58 ans et plus) ou médicales. Ces suppressions permettraient à Renault d'économiser 400 millions d'euros, permettant ainsi, selon la direction, de redevenir compétitif.

« Nous, on n’accepte pas »

A la CGT, pourtant, rien n’indique que l’accord sera signé. « On est en train d’essayer de nous vendre une pseudo-garantie de maintien de l’emploi, on voit bien qu’à l’évidence, non, puisque 8 260 salariés quitteront l’entreprise, explique Fabien Gâche, délégué central CGT Renault. L’individu, le salarié, quelle que soit sa catégorie professionnelle, est considéré comme une chose qu’il faut réduire. Aujourd’hui, on nous dit "il faut encore que vous vous sacrifiez". Nous, on n’accepte pas. Si la direction ne change pas son fusil d’épaule, il est clair que la CGT ne signera pas un accord de ce type-là, ce n’est pas ça qui va relancer le marché automobile en France ni à l’échelle européenne ».

« Je suis un peu désespérée »

A l'usine Renault de Flins, dans les Yvelines, la nouvelle a été particulièrement dure. Mohammed, chez Renault depuis plus de 10 ans, reconnaît que « ça fait un peu mal, on est là depuis un moment. J’ai toujours travaillé ici, mon père a travaillé ici, c’était l’avenir, Renault, la sécurité de l’emploi ». Pour Rajah, 26 ans, en contrat d'apprentissage dans l'usine, c’est surtout un objectif qui parait devenir inatteignable. « Ça m’a sapé le moral, parce que j’envisageais de travailler avec Renault, décrocher un CDI par la suite, je suis un peu désespérée, mais j’espère que ça va changer ». Mohamed, 49 ans, regrette de son côté que les emplois soient créés, mais à l’étranger. « L’emploi s’en va ailleurs, c’est le problème. On construit une usine en Algérie, c’est bien, mais ça nous enlève des emplois. Au Maroc, il y a une usine toute neuve, 10 000 personnes embauchées, et ici, 10 000 personnes en moins ! »
Mardi prochain, les syndicats rencontrent la direction pour entamer les négociations.

Mathias Chaillot avec Amélie Rosique