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Salaires: les entreprises revoient encore à la hausse les enveloppes d'augmentation

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La toute dernière étude de Deloitte met en avant des "niveaux historiques" pour ces budgets.

Face à l'inflation, la pression des salariés et l'inversion du rapport de force dans le marché du travail, les organisations n'ont d'autre choix que de négocier à nouveau des augmentations de rémunérations qu'il s'agisse des salaires ou des primes.

Les prochaines NAO (négociations annuelles obligatoires) devraient entériner un nouveau coup de pouce. Du coup, les prévisions de budgets d'augmentations sont une nouvelle fois revues à la hausse.

+6,5% en moyenne

La toute dernière étude* de Deloitte menée en octobre met en avant des "niveaux historiques" pour ces enveloppes.

"En cumulant les augmentations réelles de 2022 et les budgets envisagés, les augmentations médianes se porteraient respectivement à 6,5% pour les non cadres et 6,4% pour les cadres sur 2 ans" avance le cabinet.

"Ce sont des niveaux historiques. Cela fait 15-20 ans qu'on a pas connu ces niveaux d'augmentations de salaires et on est en prévisions budgétaires à +0,5 à +1% par rapport aux prévisions de cet été", commente ce lundi sur le plateau de Good Morning Business, Franck Cheron, associé Conseil et Capital Humain chez Deloitte.

Une étude du cabinet Alixio tablait en septembre sur des augmentations de +4,3% en moyenne.

"Les augmentations mixtes, générales et individuelles, sont plébiscitées toutes catégories socio professionnelles confondues pour plus de 9 sociétés sur 10" peut-on encore lire.

Les secteurs de l’Industrie et de l’Automobile, la Grande Consommation et la Santé affichent des budgets prévisionnels médians d’augmentation (hors promotion et ancienneté) de 4,0% alors que le secteur public et les sociétés à but non lucratif envisagent des budgets médian de 2,7% (hors promotion et ancienneté).

"On note que tous les secteurs sont alignés mais il y a de plus grandes dispertions intra-secteurs. dans le même secteurs, on peut avoir des écarts et de sdispersions beaucoup plus importantes qu'on aurait pu voir auparavent", détaille le spécialiste.

Dans le même temps, les entreprises vont intensifier l'usage des compléments de salaires comme la prime Macron (qui maintenant est portée à 6000 euros maximum).

Une prime Macron plus largement distribuée?

"Alors qu’un peu moins d’un tiers des entreprises (29%) avaient eu recours à la prime PEPA l’an passé avec une montant médian octroyé de 300 euros, près de la moitié des entreprises interrogées (48%) prévoient de verser la PPV auquel il faut ajouter 26% qui sont en cours de réflexion pour l’instaurer" avance Deloitte.

"Les montants prévisionnels médians sont quant à eux aussi revus à la hausse puisqu’ils atteignent 875 euros pour les OETAM, les non-cadres, (+46% par rapport au montant médian de la prime PEPA de l’an passé) et 500 euros pour les Cadres (une stagnation par rapport au montant médian de la prime PEPA de l’an passé)" poursuit-il.

"Le salaire est une partie de la réponse des entreprises", confirme Franck Cheron. "C'est un mille-feuilles de solutions qui sont apportées par les entreprises. Tous les éléments périphériques viennent augmenter ce pouvoir d'achat et on peut estimer avec ces éléments qu'on va gagner 1 à 2 points en plus donc on va être plutôt vers +8%" sur 2022-2023.

Par contre, plus de la moitié des entreprises interrogées ne prévoient pas d’instaurer de dispositif de rachat de RTT, nouveau levier proposé par le gouvernement pour améliorer les rémunérations.

"Dans la continuité des solutions proposées par les entreprises en 2022, les entreprises privilégient la prise en considération d’un patchwork de dispositions dans le cadre des NAO à venir pour 2023 tout en ayant relevé de près de 0,5 point leurs budgets d’augmentation. Cumulés aux augmentaions réelles servies en 2022, nous anticipons que les augmentations budgétées permettent d’atteindre en deux années des niveaux proches de l’inflation observée" commente Franck Chéron, Associé Capital Humain Deloitte.

*: cette étude flash sur les budgets d’augmentation 2023 repose sur un panel de 131 entreprises interrogées sur le mois d’octobre 2022 et au sein des principaux secteurs d’activité (Distribution, Grande consommation, Banques, Assurances, Industrie de la santé, Industrie de transformation, Energie et Utilities, Télécom et Médias,…).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business