Renault avait anticipé un possible suicide parmi ses salariés

Le constructeur automobile Renault avait anticipé la possibilité d'un suicide parmi trois de ses cadres licenciés et accusés à tort dans la fausse affaire d'espionnage industriel qui avait éclaté en janvier 2011. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau - -
La directrice de la communication de l'époque, Frédérique Le Grèves, avait rédigé un mail demandant à des collaborateurs de travailler à une déclaration au cas où l'un des cadres mis en cause venait à commettre l'irréparable. C’est ce que nous apprennent des documents diffusés vendredi par Le Parisien-Aujourd'hui en France, France Info et France Inter, et versés au dossier d'instruction.
Un communiqué est ainsi rédigé, selon deux options : "L'un des trois cadres mis à pied le 3 janvier 2011 a tenté de mettre fin à ses jours", ou : "L'un des 3 cadres mis à pied le 3 janvier 2011 a mis fin à ses jours (date)".
Les réactions sont ainsi formulées. Option 1 : "Toute l'entreprise est profondément ébranlée par la gravité de ce geste"; Option 2 : "Toute l'entreprise est profondément ébranlée par ce drame et pense particulièrement à la famille de M. XXX".
« Le cynisme intégral de Renault » dénoncé par un syndicaliste
Cité par France Info, le directeur de la communication externe de Renault, Stéphane Guilbaud, a reconnu que des « travaux préparatoires à la gestion de la crise » avaient été engagés chez Renault.
Patrick Monange, représentant de Force Ouvrière chez Renault, a fait part sur France Info de son intention de saisir le ministère du Travail pour dénoncer « le cynisme intégral de Renault ».
Le constructeur automobile avait mis à pied les trois cadres qu'il soupçonnait d'espionnage, avant de leur présenter quelques mois plus tard ses excuses pour les avoir accusés à tort. Les cadres ont été fortement indemnisés et l'un d'entre eux a réintégré le groupe.
Dans l'enquête pénale sur la fausse affaire d'espionnage, requalifiée désormais en escroquerie aux renseignements sur la base desquels le constructeur a formulé ses accusations, un membre du service de sécurité de Renault a été mis en examen en juillet dernier pour "complicité et recel de violation du secret professionnel et détournement de données à caractère personnel".
Un autre avait été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" et détenu durant neuf mois en 2011.