Pour la justice, envoyer l'acte de décès antidaté d'un proche à son employeur justifie un licenciement

C'est officiel: envoyer à son employeur un acte de décès daté du lendemain pour motiver son absence est un motif de licenciement. Une décision de justice, datée du 7 juin 2023, en atteste.
Dans son jugement, la cour d'appel de Paris a en effet donné en partie raison à l'employeur de Monsieur M. V., une entreprise spécialisée dans la logistique, qui l'avait licencié pour faute grave le 15 janvier 2018 après qu'il a transmis un acte de décès antidaté de sa grand-mère. L'entreprise de Monsieur V. avait considéré qu'il s'agissait d'une absence injustifiée.
"Vous ne vous êtes pas présenté à votre poste de travail entre le 4 décembre 2017 et le 3 janvier 2018", indique l'employeur dans son courrier de licenciement, arguant le fait que l'employé n'avait pas attendu de réponse à sa demande d'absence pour quitter son lieu de travail.
L'entreprise pointe plus précisément le document joint par le salarié à "cette demande d'absence exceptionnelle": "un acte de décès antidaté du 2 décembre 2017". "Or vous datez votre demande du 1er décembre 2017", ajoute-t-elle.
Une indemnité de 22.750 euros
Une décision que le salarié ne digère pas. Près d'un an plus tard, Monsieur V. saisit le conseil des prud'hommes d'Evry-Courcouronnes pour contester les conditions de la rupture du contrat de travail qui le lie au prestataire de service de logistique et espérer une indemnisation.
Et la juridiction donne raison à l'ex-employé en considérant que la rupture du contrat n'a pas de véritable motif.
"Par jugement du 2 juin 2020, ce conseil a dit que le licenciement n'avait pas de cause réelle et sérieuse", peut-on lire dans le compte rendu de jugement de la cour d'appel.
À ce titre, l'entreprise est donc notamment obligée à verser 22.750 euros d'indemnité à Monsieur V. Mais elle fait finalement appel de cette décision. Après cinq ans de bataille judiciaire, la cour d'appel de Paris a débouté Monsieur V. "de sa demande d'indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse". Le prestataire en logistique a donc été exempté du versement de l'indemnité à cinq chiffres à son ex-employé.