BFM Business
Emploi

L'absentéisme en entreprise a encore progressé l'an passé

placeholder video
Il touche désormais les cadres et les professions intermédiaires, qui étaient jusque-là plutôt épargnés et bondit chez les jeunes souligne une étude de WTW.

La tendance se confirme depuis la fin de la vague covid: l'absentéisme des salariés a de nouveau progressé en 2022. Selon l'étude* annuelle du cabinet de conseil WTW, il s'élève à un taux de 5,3% contre 4,9% en 2021 (soit +9,2%) et de 3,9% en 2019.

Concrètement, 42% des salariés ont été arrêtés au moins un jour au cours de l'année contre 34% en 2021.

Le phénomène touche plus de secteurs et plus de catégories de salariés souligne l'étude. Notamment "les sociétés de services en informatique, la finance et l’assurance, ainsi que les cadres et les professions intermédiaires (+14%), qui étaient jusque-là plutôt épargnés".

46% des professions intermédiaires et 30% des cadres ont connu au moins un arrêt de travail en 2022 (contre 35% et 23% en 2021).

La première cause est liée à des problèmes de santé mentale

4% des arrêts dépassent 90 jours tandis que 58% sont de très courte durée, inférieurs à 7 jours. "Le vendredi reste le jour d’absence le plus important quels que soient la catégorie socio-professionnelle ou le secteur (taux d’absentéisme de 5,43% contre 4,98% en 2021)" précise l'étude.

Son moteur? Les nouvelles organisations du travail issues de la pandémie. "Très rapidement adoptées dans les entreprises (elles) n’ont pas été suffisamment accompagnés pour une grande partie d’entre elles: gestion du télétravail et du droit à la déconnexion, accueil des nouveaux salariés, accompagnement des salariés à la transformation digitale, formations à distance" peut-on lire. Les jeunes salariés sont particulièrement concernés.

En effet, "l’absentéisme chez les salariés de 20-29 ans et les 30-39 ans a fortement progressé, respectivement de 15% et 17% entre 2021 et 2022".

"On observe un phénomène croissant depuis plusieurs années. En 2022, le Covid a continué à générer pas mal d'absences mais la première cause de l'absentéisme, quand on lit le rapport de la Sécurité sociale, est liée à des problèmes de santé mentale, de stress et d'anxiété qui génèrent des absences répétitives" explique sur BFM Business ce jeudi, Noémie Marciano, Directrice chez WTW France.

"Il y a un sentiment de mal-être qui a été accentué par le covid, le télétravail, l'isolement social ou l'inverse avec un fort présentéisme. On a ces problèmes qui ont été multipliés avec cette crise covid" poursuit-elle.

Bond de l'absentéisme chez les 20/29 ans

Dans le détail, "96% des arrêts sont dus à la maladie. Les accidents de travail, de trajet et les maladies professionnelles représentent seulement 4% des arrêts mais ils contribuent pour près de 14% à l’absentéisme, compte tenu d’une durée d’absence plus de trois fois plus longue (67 jours contre 18 jours pour la maladie)" avance WTW.

Sans surprise, les secteurs du transport, de la construction, de la santé et de la restauration sont les plus touchés par les accidents de travail, l’industrie extractive et la construction par la maladie professionnelle.

Les salariés en contrats courts sont plus concernés que leurs homologues en CDI avec un taux d'absentéisme de 5,5% contre 2,5%.

Enfin, du côté de la répartition géographique, le Grand Est reste la région la plus touchée, avec le taux d’absentéisme (6,8%, en hausse de 9%), devant les Hauts de France (taux d’absentéisme de 6,4%, en hausse de 8%) et la Bourgogne Franche-Comté (5,9%, en hausse de 7%).

*: L’étude a été menée auprès de 343.775 salariés issus de 633 entreprises du secteur privé sur une période de 4 ans, à travers les données issues des Déclarations Sociales Nominatives (DSN).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business