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Emploi

Faut-il interdire aux entreprises qui font des profits de licencier ?

Des salariés d'ArcelorMittal protestent contre les licenciements.

Des salariés d'ArcelorMittal protestent contre les licenciements. - -

Les licenciements boursiers sont au cœur des discussions depuis la Conférence sociale du 10 juillet dernier. Le patronat réclame un assouplissement du marché du travail, alors que les syndicats veulent faire interdire les licenciements massifs aux entreprises qui font des profits.

Les licenciements boursiers font débat depuis la Conférence sociale du 10 juillet dernier. Alors que le pays est confronté à une avalanche de plans sociaux, le patronat réclame un assouplissement du marché du travail, au nom de la « flexisécurité » tandis que les syndicats veulent redéfinir le licenciement économique et empêcher qu'une entreprise ferme un site lorsqu'elle dégage des profits.

« Il faut arrêter cette fuite en avant »

Lundi, une association de salariés a publié une tribune dans Libération où elle rappelle à François Hollande ses engagements de campagne et propose un nouvel article du Code du travail pour contrer ces licenciements boursiers. On parle de « licenciement boursier » lorsqu'une entreprise débauche massivement alors qu'elle réalise des profits, avec pour effet mécanique d'augmenter son cours en bourse et donc les dividendes de ses actionnaires. Récemment c'est le cas d'ArcelorMittal à Florange qui a défrayé la chronique. Pour les syndicats, il faudrait tout simplement interdire ces procédures si les sites sont rentables afin de préserver les emplois. « Il faut arrêter cette fuite en avant, si une entreprise fait des bénéfices, licencie du personnel et ferme des usines pour augmenter sa profitabilité, il est évident que l’Etat doit intervenir, s’indigne Edouard Martin, délégué CFDT du site ArcelorMittal de Florange. C’est ce que nous vivons actuellement sur le groupe ArcelorMittal où on a un site qui est rentable. Il faut que l’Etat français protège et préserve son industrie. Les Français ont voté pour des femmes et des hommes politiques donc on attend des décisions politiques et des décisions courageuses. »

« Un licenciement, c’est une décision dynamique »

Pour David Thesmar, économiste et professeur à HEC Paris, les licenciements boursiers sont un moyen de limiter la casse. « De manière générale ce n’est jamais judicieux d’interdire les licenciements. Un licenciement, c’est toujours une décision dynamique c’est-à-dire qui implique une projection dans le futur c’est triste à dire, explique-t-il. Si dans le futur, vous anticipez que les choses vont mal aller dans une entreprise vous vous séparez de vos employés. Il vaut mieux le faire avant que de le faire trop tard. Car si vous avez beaucoup de dettes, et sous la pression non plus de vos actionnaires mais de vos créanciers, là vous êtes obligé de licencier massivement plus que ce que vous auriez dû faire si vous l’aviez fait plus tôt. »
Le dilemme pour le gouvernement est de ne pas dissuader les grands groupes d'investir en France. Le ministre du Travail, Michel Sapin, a promis une loi d'ici la fin de l'année. Pour l'instant pas question d'interdiction mais plutôt d'une augmentation des pénalités pour licenciements abusifs.