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Emploi

Ethylotests obligatoires : les salariés de Contralco réclament l’application du décret

Le report de l'application du décret par Manuel Valls a amené Contralco à ralentir son activité

Le report de l'application du décret par Manuel Valls a amené Contralco à ralentir son activité - -

Les salariés de Contralco, numéro un mondial des éthylotests, ont réclamé mardi à Montpellier, l'application du décret obligeant les automobilistes à avoir un appareil de mesure d'alcool jetable dans leur voiture.

« Valls, tu te dégonfles comme le ballon » ou « Valls, Valls, donne-nous du boulot » ont crié les salariés de Contralco (150 selon la police, 300 selon les organisateurs) en blouse blanche, parfois avec un drapeau tricolore car, ont-ils expliqué, nos éthylotests sont « 100% français », qu'il s'agisse « de la fabrication, des sous-traitants ou des fournisseurs ». Le 24 janvier, Manuel Valls avait reporté cette mesure « sine die », entraînant de facto l'annulation de nombreuses commandes chez Contralco. La direction de l'entreprise basée à Gignac (Hérault) avait en conséquence annoncé une baisse des effectifs de 310 à 84 personnes par la non reconduction de contrats en CDD ou d'intérimaires.
Devant la préfecture, les salariés ont distribué des éthylotests aux automobilistes et aux policiers, dont des collectors pour les 30 ans de l'entreprise. « On attend du ministre qu'il revienne sur sa décision », a affirmé Daniel Calas, directeur de production de la qualité de Contralco, pour lequel « il faut que les gens s'équipent ». Il est revenu sur la nécessité de « tirer un bilan dans les deux ans » et « non arrêter une mesure avant même qu'elle ne soit en vigueur ». Au sein de l’entreprise d’éthylotests, la décision du ministre de l’Intérieur, qui avait déjà repoussé deux fois l'application de la loi, est incompréhensible, même si des produits venus de l’étranger ont pu jeter le trouble. « On a demandé un renforcement de la sévérité des normes. Et nos éthylotests n'ont aucun problème de fiabilité. Ils ont subi six tests différents, tous conformes », a ajouté Daniel Calas.

Une nouvelle vague de licenciements est à craindre

Pour justifier sa décision de report, le ministre a expliqué vouloir attendre les conclusions du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), qui a créé un groupe de travail sur l’alcool au volant notamment. Le CNSR a par ailleurs entendu Contralco, dont la direction a demandé à être reçue par Manuel Valls et son collègue du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Jusqu’ici, elle n'a reçu aucune réponse, alors qu’une nouvelle vague de licenciements est à craindre. Cette fois, des CDI seraient menacés. Depuis l'annonce des reports, l'entreprise a subi multiples pertes de commandes, voire des retours. Contralco indique avoir investi 3,5 millions d'euros et prévu de créer 238 emplois, passant sa production de 12 à 48 millions d’unités par an, après l'annonce par Nicolas Sarkozy de rendre les éthylotests obligatoires dans les véhicules.

Claire Béziau, avec AFP