"Epuisés et dégoûtés", des salariés de Virgin livrent une dernière bataille

Les salariés de Virgin manifestant le 30 avril 2013 à Paris. - -
"Epuisés", "dégoûtés", avec le sentiment d'avoir été insultés et humiliés... Le coeur n'y est plus pour les salariés de Virgin, qui sauront jeudi à quelle sauce ils vont être mangés. Car à la veille de l'audience décisive qui se tient jeudi au tribunal de commerce de Paris pour examiner les offres de reprise du groupe, placé en redressement judiciaire en janvier dernier, une cinquantaine de salariés a fait part de son désarroi mercredi, en marge d'une réunion du comité d'entreprise (CE).
"Merci la solidarité. Bravo pour la braderie. On a été insultés, vilipendés, on n'a pas dormi", ont lancé les salariés à la direction de l'enseigne de distribution culturelle, bloquant l'accès au CE, consacré à l'examen des offres de reprise. Face à cet accueil, la direction et notamment la présidente de Virgin Christine Mondollot, a décidé dans un premier temps de ne pas assister à la réunion, qui s'est tenue en présence de l'administrateur judiciaire. La direction est ensuite revenue à la table des discussions, a indiqué une source syndicale.
Un déstockage traumatisant pour certains
Pour les salariés présents, l'organisation d'un important déstockage en début de semaine dernière dans les 26 magasins, employant 960 salariés, a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase". Selon plusieurs d'entre eux, les magasins ont été pratiquement vidés lors de cette opération pendant laquelle ils ont craint pour leur sécurité face à l'afflux de clients.
"On ne s'est pas du tout sentis soutenus par la direction", a ainsi expliqué à l'AFP Chloé, salariée à Barbès, ses collègues évoquant des "insultes à foison" venant de certains clients et expliquant s'être "sentis méprisés" lors de ces soldes. La direction a pour sa part assuré que tout était "resté sous contrôle" lors de l'opération.
"Partir à peu près décemment"
"Les gens sont carrément dégoûtés", a rapporté Loïc Delacourt (CFE-CGC). "La semaine dernière, les salariés étaient en colère à cause des soldes. Puis ils ont reçu un coup de massue après le retrait de Rougier et Plé", une société d'arts créatifs qui proposait de reprendre 11 des 26 magasins, a-t-il expliqué.
Pour Guy Olharan (CGT), le retrait de Rougier et Plé "change complètement la donne" en ce qui concerne le plan social à venir, le syndicaliste jugeant "impensable de se retrouver avec un plan aussi minimal". La direction a indiqué en fin de semaine dernière que le budget du plan était de 5 millions d'euros. Elle aurait par ailleurs recueilli 7 millions d'euros lors du déstockage, mais les syndicats n'ont pas obtenu la garantie que cette manne servirait à abonder au plan social.
"C'est déprimant. Notre seul espoir est de partir à peu près décemment", a de fait confié à l'AFP Lamia, salariée depuis 5 ans, évoquant certains collègues "complètement minés". "C'est fini. On veut juste avoir un bon plan social", a renchéri Emilie, contrôleuse de caisse, et employée depuis 11 ans.
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