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Deux jours par semaine pour 22% des salariés: le télétravail désormais ancré en France

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Selon une étude de l'Insee et de la Dares portant sur les six premiers mois de 2024, le télétravail est plus répandu chez les cadres, particulièrement dans les secteurs financiers et de l’information et de la communication.

Pas de retour en arrière. Le télétravail n'est plus une exception dans les entreprises françaises, au contraire. Il concernait seulement 4% des salariés français en 2019 mais "la généralisation des accords d’entreprise sur le sujet, accélérée par la crise sanitaire, a ancré sa pratique", souligne une étude réalisée par l'Insee avec la Dares publiée ce mercredi.

Cette organisation du travail concernait au premier semestre 2024 22% des salariés du privé, une proportion quasi-stable depuis 2022, avec un rythme hybride proche de deux jours par semaine en distanciel.

"Depuis début 2022, la part des télétravailleurs parmi les salariés est stable, tandis que le nombre de jours télétravaillés par semaine a suivi une légère tendance à la baisse jusqu’en 2023, avec toutefois une hausse modérée et temporaire chaque hiver", analyse le statisticien.

Plus l'entreprise est grande, plus le recours au télétravail est important

"Près de 7 salariés sur 10 qui considèrent leur poste comme télétravaillable y recourent", peut-on lire. À l'opposé, un salarié sur cinq avec un emploi télétravaillable n’a pas souhaité télétravailler.

Plus l'entreprise est grande, plus le télétravail devient la norme à travers des accords formels. Il concerne ainsi 18% des salariés dans les PME hors microentreprises, 26% dans celles de taille intermédiaire et 34% dans les grandes entreprises "en raison de leur structuration internationale et d'une forte proportion de cadres".

Le télétravail est en effet plus répandu chez les cadres (près des deux tiers d’entre eux sont concernés), dont les tâches peuvent plus souvent être effectuées à domicile, particulièrement dans les secteurs financiers (60% de télétravailleurs) et de l’information et de la communication (75%).

Dans ce dernier secteur, les personnes qui télétravaillent le font en moyenne 2,3 jours par semaine, contre 1,8 jour par semaine dans les autres secteurs.

Par contre, il n'est pratiqué que par un travailleur sur cinq dans les professions libérales (avocats, vétérinaires, etc.).

La fin de la culture du présentéisme? Pas pour tous

Et plus les cadres sont nombreux, "plus les autres salariés ont recours au télétravail", souligne l'Insee.

"Comparées aux cadres, les autres catégories socioprofessionnelles occupent moins souvent des emplois se prêtant au télétravail". Ainsi, seulement 21% des postes des employés sont télétravaillables, contre 80% de ceux des cadres. Et même lorsque c'est possible, la pratique concerne moins de 50% d’entre eux, "suggérant un pouvoir de négociation plus faible ou une confiance plus limitée de l’employeur".

Enfin, "les femmes ont plus recours au télétravail que les hommes, mais pas les parents de jeunes enfants". Et "habiter loin de son travail ou dans un logement spacieux est associé à plus de recours au télétravail", précise l'Insee.

Faut-il en conclure que le monde de l'entreprise en a terminé avec la culture du présentéisme? Cela dépend pour qui.

"Les débutants et les salariés les plus anciens ont moins recours au télétravail que les salariés d’ancienneté intermédiaire", souligne l'étude. "Cela reflète non seulement le fait que les débutants occupent moins d’emplois télétravaillables, mais aussi qu’une plus forte proportion d’entre eux déclarent que leurs employeurs ne souhaitent pas qu’ils télétravaillent".

La raison? Il s'agit selon l'Insee de "favoriser leur supervision et leur intégration au collectif de travail".

A contrario, "les salariés qu’ils soient cadres ou non-cadres, sans responsabilité d’encadrement, ont une probabilité d’être en télétravail supérieure de 2,9 points de pourcentage à ceux qui sont essentiellement encadrants", poursuit l'institut.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business