BFM Business
Emploi

Coronavirus: les salariés de la grande distribution en première ligne

Les grandes enseignes de distribution ont accéléré la mise en place de protection des salariés en caisse.

Les grandes enseignes de distribution ont accéléré la mise en place de protection des salariés en caisse. - Sébastien Bozin-AFP

Alors que les moyennes et grandes surfaces alimentaires sont prises d'assaut par les clients, leurs salariés sont particulièrement exposés. Les grandes enseignes ont souvent pris des dispositions particulières pour protéger les caisses ou ont paré au plus pressé. Mais la fédération CGT du commerce et des services craint que les magasins indépendants soient moins regardants...

La grande distribution est confrontée à un défi sans précédent. Elle doit assurer un service public de l'alimentation des Français en pleine crise sanitaire, ce qui sollicite de façon inhabituelle ses employés, exposés au risque de contamination en contact direct avec la clientèle.

Le défi du secteur consiste aussi à tenir les magasins ouverts alors que tous les salariés qui garderont leurs enfants privés d'école peuvent bénéficier d'un arrêt de travail et que ses salariés sont confrontés à l'impatience voire aux incivilités des clients stressés, qui font la queue, et craignent de ne pas pourvoir acheter ce dont ils ont besoin.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud a pris des mesures qui faciliteront les processus de back office dans les magasins pour qu'ils soient régulièrement approvisionnés. Les entrepôts pourront ont été ainsi autorisés à travailler le dimanche. Les règles du travail de nuit doivent être aussi assouplies, comme celles des heures supplémentaires.

super U
super U © Dans ce magasin Super U, une bâche en plastique a été tirée pour protéger la caissière des clients.

Plusieurs grandes surfaces ont été littéralement prises d'assaut avec l'imminence du confinement total, qui a commencé ce mardi à midi, avec des queues de caddies de plusieurs dizaines de mètres devant les entrées. Pâtes, conserves mais aussi produits d'hygiène et ménagers: les clients s'arrachent tout ce qui peut se garder.

"Les salariés sont surtout épuisés par l’afflux particulier de la clientèle et font face courageusement aux insultes, incivilités de toutes sortes dans la période" explique Sylvie Vachoux, secrétaire fédérale de la fédération CGT du commerce et des services.

En première ligne, face à cette ruée des consommateurs dans les magasins, on trouve en effet les salariés qui tiennent les caisses, passage obligé pour les clients avec lesquels ils sont en contact rapproché d'ordinaire.

Pour l'instant, "les grands groupes tels que Auchan, Casino, Carrefour, Lidl et Aldi ont mis en place des mesures de protection (hormis les masques qui sont réquisitionnés par les hôpitaux). Certains de ces groupes sont toujours en négociations à travers des CSEC extraordinaires" explique Sylvie Vachoux, secrétaire fédérale CGT.
"Nos craintes sont plutôt en direction de certains magasins indépendants (Leclerc et Intermarché) dont quelques patrons ne semblent pas avoir pris la mesure de la crise sanitaire et privilégient leur chiffre d'affaires au détriment des protections élémentaires de leurs salariés. Nous agissons au cas par cas en exigeant que soit prises toutes mesures protégeant les salariés ainsi que la clientèle", ajoute cette responsable syndicale.

Sur le terrain, certains magasins parent au plus pressé pour protéger leurs caissiers des clients, même si dans certains cas il s'agit de solutions de fortune: comme des films en plastique déroulés devant la caisse ou des parois en plastique érigées en tout hâte pour séparer la caisse du client qui se présente.

Mais en pleine pandémie de coronavirus, tous les supermarchés ne sont pas logés à la même enseigne. Le quotidien Ouest-France relate que dans le Pays de Retz, au sud de Nantes (Loire-Atlantique), à l'intérieur du supermarché dans lequel travaille Sylvie, caissière de 52 ans, l’absence de protection est criante. "Je ne vais pas risquer de mourir pour 1000 euros par mois !" déclare-t-elle dans le quotidien régional.

Pour justifier le rush des clients avant le confinement, Pascale Hébel, directrice du pôle consommation du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) explique "comme les gens se projettent à être confinés pendant des semaines, ils se disent qu'il faut faire des réserves." Certains n'avaient pas anticipé jusqu'à présent et font leurs courses maintenant, tandis que d'autres sont poussés à acheter par imitation, en voyant la ruée dans les magasins, selon la spécialiste. 

L'épidémie va conduire à une augmentation des ventes de grande consommation de 10 à 15% dans les pays touchés par le virus, selon une étude du cabinet BCG. 

En France, rien que sur la semaine du 2 au 8 mars, les ventes en magasin ont bondi de 8,1% et celles en ligne (drive et livraisons à domicile) de 31,2% selon le cabinet Nielsen.

Frédéric Bergé