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Emploi

Compétitivité : le coût du travail, responsable de tous nos maux ?

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Ce lundi, Louis Gallois remet son rapport sur la compétitivité. Beaucoup préconisent une baisse des charges qui pèsent sur le travail, mais certains envisagent d’autres pistes, comme l’innovation ou l’investissement. Le « choc » de compétitivité est-il nécessaire ?

Avant même d’être présenté, il aura fait couler beaucoup d’encre. Après plusieurs semaines de rumeurs, de débats et de fuites, Louis Gallois remet ce lundi au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ses conclusions sur la compétitivité de la France. Le rapport de l'ex-patron d'EADS est censé ouvrir un nouveau chantier dans un domaine-clé de l'économie française. En pleine crise, l'enjeu est de taille afin de relancer une croissance quasi-nulle. Le diagnostic du rapport est déjà connu : l'économie française en général pâtit d'un coût du travail supérieur par exemple à celui de l'Allemagne, et son déficit commercial se creuse.

« Améliorer la compétitivité par l’investissement, l’innovation »

Mais pour Pierre-Alain Muet, député PS du Rhône et vice-président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale, il y a d’abord d’autres leviers à actionner. « On peut bien sûr améliorer la compétitivité autrement, par des gains de compétitivité, c’est-à-dire par l’innovation, l’investissement », estime-t-il, cherchant, lui aussi, à comparer notre situation à celle de Berlin : « Des pays comme l’Allemagne qui au contraire ont fondé leur compétitivité dessus sont montés en gamme et n’ont pas cette concurrence avec des pays à plus faible salaire. C’est ça la bonne compétitivité, pour la rétablir il faut une politique industrielle continue, il faut faire monter en gamme nos productions, il faut faire en sorte que nos PME se développent et deviennent grandes, donc s’il y a des mesures à prendre dans la conjoncture actuelle, c’est sans doute du côté de l’investissement ».

« C’est extrêmement difficile de remporter des marchés »

On ne peut pas, pourtant, faire l’impasse sur le coût du travail, estime Patrick Hetzel, député UMP de la 7e circonscription du Bas-Rhin en Alsace. Il vient d’ailleurs de lancer une pétition au Parlement pour que le rapport Gallois ne soit pas enterré. « On ne peut pas, à mon avis, relancer la compétitivité en France sans aller vers une baisse des charges qui pèsent sur les entreprises, c’est un levier essentiel. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où la compétitivité des entreprises françaises par rapport à un certain nombre de pays étrangers s’est dégradée ». Résultat, dans les villes frontalières, la concurrence se fait rude. « Je suis député d’Alsace, nous voyons de plus en plus d’artisans allemands venir travailler de l’autre côté de la frontière, c’est très largement lié au coût du travail. Aujourd’hui, c’est extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, pour nos artisans alsaciens, de remporter des marchés ».
Reste maintenant à savoir quelles pistes va privilégier Louis Gallois. Des fuites dans la presse avaient évoqué l'abandon des 35 heures, une information finalement démentie par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement prévoit d'annoncer dès mardi ses arbitrages, notamment sur les mesures d'allègement du coût du travail et les propositions pour l'innovation.

M. Chaillot avec Roxane Pour Sadjadi