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Emploi

Chômeur immolé à Nantes : « Une détresse quand on est radié »

Depuis le drame, l'agence de Pôle emploi a été fermée au public.

Depuis le drame, l'agence de Pôle emploi a été fermée au public. - -

Au lendemain du suicide de Djamal, un chômeur en fin de droits qui s’est immolé devant une agence Pôle Emploi à Nantes, Catherine, demandeuse d’emploi, témoigne sur RMC du « mal-être » qu’elle a aussi connu. Une enquête judiciaire a été ouverte.

En fin de droits, un chômeur s'immole devant une agence Pôle Emploi à Nantes. Djamal Chaab, 43 ans, a mis fin à ses jours en milieu de journée mercredi. Il avait appelé mardi l'organisme pour prévenir de ses intentions, mais ni les pompiers, ni la police, qui avaient été alertés, n'ont pu l'empêcher de passer à l'acte. Depuis, l'agence de Pôle emploi a été fermée au public et le ministre du Travail, Michel Sapin, qui s'est rendu sur place, a salué notamment le travail de ces agents : tout a été fait pour éviter ce drame, selon lui. « On ne peut ressentir qu'une très forte émotion », a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, évoquant une « situation de précarité et aussi sans doute un drame humain » pour expliquer ce suicide.
Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer « ce qui a conduit à un tel geste de désespoir », indique le ministère du Travail dans un communiqué.

« Au bout du rouleau, il n’en pouvait plus »

Un drame effroyable qui pose tout de même question. La CGT met en cause le traitement inhumain que subissent les chômeurs à Pôle Emploi. Ce que confirme Catherine, demandeuse d’emploi âgée d’une cinquantaine d’années. Elle s'est déplacée hier sur place pour rendre hommage à la victime mais aussi pour dénoncer la précarité des chômeurs : « Il y a une détresse quand on est radié, parce qu’on n’a plus le droit à rien, à moins d’être seul et donc d’avoir le RSA. Ça me fait beaucoup de peine. En tant que demandeuse d’emploi, je connais aussi tout ce mal-être d’aller à droite à gauche, d’être baladé, de faire des stages… pour aboutir à pas grand-chose. C’est de plus en plus difficile de trouver des emplois. Je pense que ce geste, pour lui, c’était le bout du rouleau, il n’en pouvait plus ».

« Il n’y avait aucun signe annonceur d’un tel drame »

Thierry connaissait Djamal, il était son voisin à Nantes. « Totalement bouleversé par ce qui est arrivé », il raconte : « C’était un très bon voisin. On habite sur le même palier, donc il y avait toujours un petit mot gentil. Je n’en suis pas encore remis, j’étais loin de penser qu’il commettrait un geste pareil. Je ne savais pas qu’il était sans emploi, il ne m’en avait pas parlé. Il était marié, sa femme travaillait, il n’y avait aucun signe annonceur d’un tel drame ».

J.V. avec C. Andrieux et A. Perrin