"Ça va très vite devenir une compétence de base": la maitrise de l'IA, nouvel indispensable pour les candidats?

Seules 0,3% des fiches de postes mentionnent l'IA générative, selon les données de Indeed. - Pexels
Vous avez peaufiné votre CV, vous avez le diplôme et l'expérience requise pour le poste, vous parlez trois langues, vous êtes à l'aise à l'oral et vous maitrisez Excel... Un tableau presque parfait pour les recruteurs. À une chose près.
"À profil égal, les candidats qui maîtrisent les outils d'intelligence artificielle générative peuvent avoir un avantage", explique à BFM Business Éric Gras, spécialiste du marché de l'emploi chez Indeed.
Tout dépend bien-sûr du métier auquel vous postulez. Pour les jobs de bureau, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à voir dans les outils d'IA générative (comme ChatGPT, Copilot, Gemini ou Le Chat de Mistral AI...) une occasion de gagner du temps et d'automatiser certaines tâches.
Résumer un texte, trier des données ou rédiger des mails... Les possibilités sont nombreuses. Et de plus en plus d'entreprises demandent à leurs nouvelles recrues de connaître ces outils. En effet, la part des fiches de poste qui mentionnent des compétences en IA générative a bondi, multipliée par 7 en un an, selon une étude réalisée par Indeed. Mais elle reste très faible (moins de 0,3% des fiches de poste).
Selon une étude publiée par LinkedIn, 76% des dirigeants en France sont plus enclins à embaucher une personne à l'aise avec les outils d'IA qu'une personne ayant plus d'années d'expérience mais moins confiante dans l'utilisation de l'intelligence artificielle.
De la maîtrise du pack office au dialogue avec ChatGPT
Pour mettre toutes les chances de leur côté, Éric Gras encourage donc les candidats à s'autoformer en testant et en utilisant ces outils. "Des modules permettent aussi d'obtenir gratuitement des certificats que vous pouvez mettre en valeur sur votre CV", conseille-t-il.
"Mais le mieux reste de prouver à l'employeur par a+b que vous savez utiliser ChatGPT avec plus de finesse que le commun des mortels."
Pour cela, il recommande aux candidats de montrer deux "prompts", c'est-à-dire des demandes formulées à un robot conversationnel, à leur recruteur. L'un que tout le monde aurait pu écrire avec une question basique et un autre plus précis, rédigé plus intelligemment et qui permet d'obtenir un meilleur résultat.
Selon lui, de plus en plus d'entreprises demanderont bientôt aux candidats de maîtriser ce dialogue avec les IA génératives.
"Ça va très vite devenir une compétence de base, avant on vous demandait de maîtriser Word, Office et Powerpoint, bientôt il faudra savoir dialoguer intelligemment avec ChatGPT", prédit-il
"L'utilisez de manière intelligente"
Si la dynamique est en route, la France reste en retard par rapport à d'autres pays (États-Unis, Canada, Espagne, Allemagne, Angleterre...), toujours selon l'étude Indeed. "L'adoption de l'IA générative par les entreprises est encore loin d'être massive, on en est encore aux balbutiements", explique de son côté Lobna Calleja Ben Hassine, créatrice du podcast "Besoin de rien, Envie d'IA" et ancienne DRH dans plusieurs grands groupes.
Selon elle, les entreprises qui s'y intéressent et qui commencent à former leurs salariés n'attendent pas que leurs nouvelles recrues maîtrisent les outils sur le bout des doigts.
"Peu de salariés ont été formés, donc ces entreprises recherchent surtout des candidats qui ont une appétence pour le sujet", nuance-t-elle auprès BFM Business.
Mais alors faut-il expliquer à un recruteur que vous utilisez ChatGPT? Le risque n'est-il pas qu'il vous voit comme un fainéant? "Ça peut être quitte ou double si l'entreprise n'est pas acculturée à ces sujets, il faut donc montrer que vous l'utilisez de manière intelligente, que vous en connaissez les écueils", explique Lobna Calleja Ben Hassine.
"Le recruteur doit comprendre que vous l'utilisez pour améliorer votre efficacité, pas pour vous débarrasser du travail au plus vite."
Des jobs bientôt remplacés?
Toutes les entreprises n'en sont pas au même niveau dans l'adoption de l'IA générative. À partir de ses observations des fiches de postes, Éric Gras a déjà une idée de celles qui abordent ou non le sujet lors de leur processus de recrutement. Ainsi, selon les données Indeed, les secteurs de la tech y sont souvent plus sensibles, on retrouve aussi les banques et assurances, la recherche scientifique, le design d'information et la communication.
"En revanche, un certain nombre de secteurs qui vont être fortement impactés par l'arrivée de l'IA n'en ont pas encore pris conscience", assure-t-il.
Il cite notamment le conseil clientèle dans le domaine juridique, bancaire ou financier. Selon lui, de nombreux jobs du premier échelon de la relation client pourraient à terme être remplacés par l'IA.
Enfin, selon Lobna Calleja Ben Hassine, l'adoption de l'IA générative dépend non seulement du secteur mais aussi d'autres facteurs comme la taille de l'entreprise, l'âge moyen des salariés et la culture d'entreprise.