BFM Business
Emploi

Apprentissage: vers une chute des embauches lorsque la perfusion des aides sera retirée?

placeholder video
Selon une étude, près de 40% des entreprises ne pourront plus se permettre de recruter des jeunes en contrat d’alternance si les aides prennent fin. 

L'apprentissage a fini par décoller en France. Selon les derniers chiffres de la Dares, 698.000 contrats d'alternance ont été signés entre un jeune et une entreprise en 2021 contre 354.368 en 2019 et moins de 300.000 en 2017.

Ce succès répond avant tout au dispositif d'aides mis en place par le gouvernement. Les aides à l'embauche d'un apprenti s'élèvent en effet à 5000 euros pour un apprenti mineur, 8000 euros pour un majeur.

Et de fait, selon une étude* menée par OpinionWay pour Indeed, 70% des entreprises interrogées déclarent que le recrutement en alternance leur a permis d’embaucher à coût moindre et 71% disent avoir pu recruter des jeunes en contrat d’alternance grâce aux aides mises en place.

Des coûts très critiqués par la Cour des comptes

Mais si ces aides ont été prolongées jusqu'à la fin de l'année par le gouvernement pour maintenir cette dynamique, elles pourraient vivre leurs derniers mois. En cause, leurs coûts.

La Cour des comptes a ainsi vivement critiqué la réforme "non financée" de l'apprentissage de 2018, dont le succès quantitatif "indéniable" s'est fait au prix d'un "doublement" du coût tout en bénéficiant peu aux jeunes ayant le plus de difficultés à s'insérer dans l'emploi.

Dans un contexte d'explosion des dépenses publiques, et de baisse du chômage, le gouvernement pourrait être tenté de réduire voire de supprimer ces aides à partir de 2023. D'autant plus que ces aides avaient été mises en place en 2020 pour éviter que les candidats à l'alternance ne pâtissent des conséquences économiques de la crise sanitaire.

Une fois cette perfusion retirée, tout porte à croire que les embauches chuteront.

Toujours selon cette étude pour Indeed, près de 40% des entreprises indiquent qu’elles ne pourront plus se permettre de recruter des jeunes en contrat d’alternance. Dans le même temps, plus des trois-quarts des jeunes craignent un arrêt du recrutement en alternance quand les aides publiques prendront fin.

Autre frein: le temps

Du coup, 88% des entreprises interrogées estiment que ce dispositif d'aides devrait être maintenu au-delà de l’année 2022.

"Jeunes chercheurs de contrats en apprentissage et recruteurs sont unanimes: le dispositif d’aides mis en place par l’État devrait être maintenu au-delà de l’année 2022, car les aides versées par l’État ont constitué une subvention essentielle et non accessoire pendant la crise sanitaire", commente le spécialiste de l'emploi.

Si le coût est un frein pour de nombreuses entreprises, un autre facteur pèse sur le recrutement d'apprentis. Le manque de temps.

Ainsi, l’incapacité à accompagner les apprenants représente pour les entreprises le premier obstacle au recrutement en alternance (53%). Le choix de l’alternance est en effet perçu par 91% des répondants comme requérant du temps pour pouvoir bien accompagner les apprentis.

*: sondage mené du 20 au 25 mai 2022. OpinionWay / Indeed a interrogé par questionnaire auto-administré en ligne et par téléphone sur le lieu de travail: 1018 personnes représentatives de la population des jeunes Français âgés de 16 à 29 ans, ainsi que 501 entreprises représentatives des entreprises de 1 salarié et plus.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business