Emergence d'entreprises privées, réduction des déficits... Cuba s'éloigne doucement du communisme

Des gens brandissent les drapeaux nationaux de Cuba lors de la commémoration du 1er mai (Fête du Travail) pour marquer la Journée internationale des travailleurs à la Tribune anti-impérialiste devant l'ambassade des États-Unis à La Havane, le 1er mai 2024. - AFP
Le secteur privé va "continuer à se développer" à Cuba, mais seulement comme un "complément" aux entreprises étatiques qui dominent l'économie sur l'île communiste, a affirmé le président Miguel Diaz-Canel dans un entretien diffusé mercredi.
"Le secteur privé va continuer à se développer et à faire partie de notre réseau d'acteurs économiques", a déclaré le chef de l'Etat dans un entretien accordé au journaliste franco-espagnol Ignacio Ramonet et publié par le quotidien d'Etat Granma.
Les petites et moyennes entreprises privées, jusqu'à 100 salariés, ont été réautorisées sur l'île en 2021, après avoir été interdites pendant près de six décennies au profit des entreprises d'Etat.
Fin septembre, plus de 9.000 entreprises privées avaient été enregistrées.
Ces entreprises "sont plus petites, fonctionnent de façon plus souple, et, par conséquent, les contributions et la dynamique qu'elles peuvent apporter à l'économie sont très importantes", a ajouté le président cubain.
Il a toutefois souligné que le secteur privé restait un "complément" aux entreprises d'Etat, qui jouent "un rôle fondamental dans la construction du socialisme".
Plus grave crise depuis 30 ans
L'économie cubaine, planifiée et centralisée, est plongée dans sa plus grave crise depuis la fin des subsides soviétiques dans les années 1990.
Cette crise, marquée par des pénuries d'aliments, de médicaments, et un déficit de carburant qui provoquent de fréquentes coupures d'électricité, est le résultat des effets conjugués du renforcement des sanctions imposées par Washington, des conséquences de la pandémie sur le secteur touristique, et de faiblesses structurelles internes.
En début d'année, le gouvernement avait annoncé une batterie de mesures visant à réduire le déficit public. Notamment sur l'énergie pour faire rentrer des devises. L'Etat, qui subventionne la quasi-totalité des biens et services de première nécessité, a levé ses aides sur le carburant dont les prix ont bondi de 500%.
Dans l'entretien diffusé mercredi, le président Diaz-Canel évoque également le souhait de son pays d'intégrer le groupe des BRICS.
Fondé en 2010 par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, ce bloc a été élargi récemment à six nouveaux membres (Argentine, Iran, Egypte, Ethiopie, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis), avant que Buenos Aires ne renonce finalement à son intégration.
"C'est une des alternatives dans le monde d'aujourd'hui (...) cela ouvre un espoir de rupture avec l'hégémonie américaine dans les relations internationales", a déclaré le président cubain.
"Je crois qu'il s'agit d'un environnement très propice aux relations Sud-Sud et qu'il ouvre une nouvelle perspective en faveur d'un nouvel ordre économique international devenu nécessaire", a-t-il ajouté.
