BFM Business
Economie

EDITO. Retraites: l'incroyable comparatif du COR avec l'Allemagne

placeholder video
L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. À l'Assemblée nationale, c'est le jour J pour la niche parlementaire LFI qui souhaite abroger la réforme des retraites de 2023, ainsi que la réforme Touraine

Ne tournons pas autour du pot: l'initiative de La France insoumise qui veut abroger la réforme des retraites de 2023 ainsi que la réforme Touraine de 2014 est parfaitement irresponsable.

Les retraites sont de très loin le premier poste des dépenses publiques, près de 400 milliards d'euros, soit un euro sur quatre d’argent public qui est orienté chaque année vers la poche des retraités.

L’Edito de Raphaël Legendre : Le comparatif du COR avec l'Allemagne - 28/11
L’Edito de Raphaël Legendre : Le comparatif du COR avec l'Allemagne - 28/11
3:13

C’est l’éléphant budgétaire au milieu de la pièce qui a grossi de 50 milliards en 5 ans, et la France Insoumise voudrait accélérer la prise de poids.

Alors avant le vote, petit conseil de lecture pour les députés avant le vote : cette note du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui vient d’être publiée et qui fait un comparatif très intéressant entre les systèmes de pensions en France et en Allemagne.

On y apprend, entre autres choses, que la France bénéficie tout à la fois du régime le plus généreux et que nous en sommes les plus insatisfaits. "La France, ce paradis peuplé de gens persuadés de vivre en enfer", aurait pu résumer Sylvain Tesson.

En 2019, indique le COR, la France a dépensé trois points de PIB de plus pour ses retraites que l'Allemagne (13,4 % du PIB contre 10,4 %). Cet écart est resté sensiblement le même, ce qui veut dire que nous consacrons à notre système de pensions quelque 100 milliards de plus que nos voisins. Ce n'est pas rien.

Deux raisons à cela. D'abord le niveau des pensions plus élevé. Le niveau de vie moyen des seniors (plus de 65 ans) français est proche de celui de l’ensemble de la population (97 %), alors qu’il est plus faible en Allemagne (88 %). Mais surtout, on part à la retraite beaucoup plus tôt en France (62,3 on va passer à 64) que dans le reste de l'Europe en général (65 ans en moyenne) et qu'en Allemagne en particulier (67 ans).

Les retraités privilégiés aux actifs

Résultat, le taux d’emploi est chez nous plus faible de 15 points qu’outre-Rhin. C'est pour cela qu’en trente ans la progression des dépenses de retraites a été 2,5 fois plus importante en France qu’en Allemagne. La France a privilégié les retraités quand l'Allemagne a favorisé les actifs.  

Ce qui est incroyable, c’est qu'en plus, les opinions sur le niveau de vie des retraités sont moins positives en France qu’en Allemagne. En 2016, trois quarts (73 %) des Français pensaient que le niveau de vie des retraités était mauvais, contre 53 % en Allemagne seulement. Alors même qu’en France le niveau de vie moyen des 65 ans est quasiment égal à celui des actifs (97%) quand il est plus faible en Allemagne (88%).  

Plus de 40% des Français pensaient enfin ne pas pouvoir continuer leur travail au-delà de 60 ans en 2015, contre seulement 20 % des Allemands (enquête European Working Conditions Survey). De là à dire que le travail, c'est la santé...

Raphaël Legendre