EDITO. La Ve République est-elle à bout de souffle?

La Constitution de la Ve République nous a permis de traverser beaucoup de crises depuis 1958, mais aujourd’hui, c'est peut-être elle qui nous bloque aussi. En tout cas, le débat monte alors que la machine étatique semble comme grippée, impossible d‘avancer. Alors faut-il en changer?
La question à poser, c’est à qui la faute si le système dysfonctionne? Qui est responsable du bazar à l’Assemblée? La Constitution? Ou les hommes et les femmes qui siègent à la représentation nationale?
Pendant des années, on a entendu les parlementaires se plaindre de n’être qu’une chambre d’enregistrement, que les députés étaient des députés godillots. Que le Sénat ne servait à rien.
Phénomène inédit sous la Ve, la tripartition offre justement la possibilité pour le Parlement de reprendre la main sur le gouvernement en cherchant des coalitions, des majorités pour agir pour la République. Comme cela se fait partout ailleurs en Europe.
“Ce qui manque au Parlement ce ne sont pas des pouvoirs, mais plutôt des parlementaires pour les exercer”, disait Guy Carcassonne.
Et qu’a-t-on vu lors de ce débat budgétaire? Une utilisation irresponsable du levier fiscal, des dizaines de milliards d’impôts comme s'il en pleuvait et des groupes qui s’écharpent avec pour seul horizon les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027... Triste spectacle.
La Constitution est-elle responsable de l’inconséquence de nos élus? Je ne pense pas.
Changer les mentalités avant les textes
Cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien changer. Le texte peut être amélioré, amendé, modernisé, comme en 2008 avec l’introduction des questions prioritaires de constitutionnalité par exemple. On pourrait ajouter une dose de démocratie, en assouplissant par exemple les conditions de mise en œuvre du référendum d’initiative partagée (RIP), comme y avait réfléchi Emmanuel Macron il y a un an.
Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. La IIIe a donné les pleins pouvoirs à Pétain. Sous la IVe, l’espérance de vie des gouvernements oscillait entre un jour et quelques mois. C’est une chance d’avoir un texte qui fonctionne depuis 66 ans.
Est-ce le moment de la changer? Certainement pas en pleine crise. Peut-être que ce qu’il faut commencer à changer, ce sont les mentalités; la culture et les mauvaises habitudes prises à l’ Assemblée.