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ÉDITO. Immigration: Michel Barnier compte-t-il déroger au droit européen?

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La droite en général et Michel Barnier ont appelé ces dernières années à déroger au droit européen en matière d’immigration "quand les intérêts fondamentaux de la Nation sont en jeu". Une position antieuropéenne dangereuse, qu'il doit clarifier.

C’est l’un des dossiers brûlants qui trônent sur le bureau du nouveau Premier ministre. Michel Barnier ne s’en est pas caché, dès sa prise de fonction le vendredi 6 septembre, "la maîtrise de l’immigration" sera l’un de ses sujets prioritaires.

Le locataire de Matignon réfléchit actuellement sur la manière institutionnelle de traiter le sujet, soit par un ministère dédié, soit par un pôle migratoire, rattaché à différents ministères. "Le travail est en cours", indique son entourage.

L’Edito de Raphael Legendre : Immigration, la priorité de Michel Barnier ? - 16/09
L’Edito de Raphael Legendre : Immigration, la priorité de Michel Barnier ? - 16/09
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Quel que soit le résultat de ces réflexions, il y a point que le nouvel exécutif va devoir rapidement clarifier: compte-t-il, ou non, déroger au droit européen en matière d’immigration?

Le futur gouvernement compte-t-il, ou non, déroger au droit européen en matière d’immigration?

La tentation existe de longue date à droite. Michel Barnier lui-même avait proposé en 2021, lors de la campagne présidentielle, de déroger au droit européen en matière d’immigration "quand les intérêts fondamentaux de la Nation sont en jeu". Les LR ont entamé le même refrain l’année dernière lors des discussions préliminaires à la loi immigration de Gérald Darmanin.

"La configuration est différente aujourd’hui", répond Matignon quand on rappelle les anciennes positions de Michel Barnier.

Alors qu’il ferme clairement la porte à cette option antieuropéenne.

Car comme la mauvaise gestion des finances publiques française empêche l’Europe financière et budgétaire d’avancer, déroger au droit communautaire sonnerait comme un début de Frexit qui ne dirait pas son nom. Un doigt d’honneur à toute l’architecture européenne qui stigmatiserait la France au sein de l’Union européenne.

Privilégier l'échelon communautaire

Car c’est bien au niveau européen que doit aujourd’hui se jouer la vraie réforme des flux migratoires est européenne.

Après neuf ans de négociations, l’Europe s’est enfin dotée au printemps d’un arsenal complet pour mieux affronter les crises migratoires.

Le Pacte asile et migration adopté par une partie des Socialistes & Démocrates (S&D), les libéraux de Renew et les conservateurs du PPE, prévoit un meilleur contrôle des arrivées, un mécanisme de solidarité pour se répartir les migrants entre pays membres et une accélération des procédures de traitement des demandes d’asile.

Cette coordination européenne est naissante et fragile. Elle n’est pas acquise comme le montre la fermeture des frontières allemandes ce lundi, et le refus des Pays-Bas d'appliquer ce nouveau cadre.

Mais il faut être clair, comme tous les grands défis, la solution aux problèmes migratoires ne pourra qu’être communautaire. Pas dans une politique du chacun pour soi.

Raphaël Legendre